- “CRYPTOPSY sucks”
- “You like it? You must love to have a cock in your anus... faggot”
- “Please change your name so I can still wear my Cryptopsy shirt because you aren't Cryptopsy. Fucking sellouts”
- “if hating this new album makes me close minded, then Flo is so open minded that his brain fell out...”

Pour l’ethnologue, internet est une source d’émerveillement sans fin, le reflet d’une société où l’irrévérence a fait place à la bêtise, à l’insulte et à la médiocrité. Un monde où l’opinion de chacun fait loi et où la contradiction est devenue insupportable. Par dessus tout, internet permet d'exorciser ses frustrations en brûlant ses idoles, en leur crachant directement son mépris à la face tout en procurant le luxe d’être abrité derrière l’anonymat d’un écran. Dans le microcosme du Metal, c’est CRYPTOPSY qui fait ces derniers temps les frais d’une opprobre quasi générale, comme les quelques extraits de leur forum ou de leur guestbook permettent d’en juger. “The Unspoken King” fait couler beaucoup d’encre, de fiel et de bave nauséabonde. Un vent de rébellion souffle parmi les fans: CRYPTOPSY est un groupe de vendus à la solde du Grand Capital!

Ceux qui suivent l’actualité des Québécois avaient en effet de quoi être pessimistes. Après avoir annoncé le départ de leur frontman légendaire (et à mon sens ridiculement surestimé), le désormais cacochyme Lord Worm, les membres du groupes faisaient savoir sur leur site que leur prochain chanteur devait “être à l'aise avec les chants clean, sur tonalités justes, ainsi qu'à hurler.” Hein? Pire, peu de temps après, Crypto annoncait l’arrivée de Matt Mcgachy (3 Mile Scream) au chant et de Maggie Durand aux Claviers/Échantillonnages. QUOI? “Bemoan the Martyr”, l’un des premiers titres promo aura finalement transformé plus d’en pessimiste en dépressif à tendance suicidaire. “The Unspoken King” ou la chronique d’une lapidation inévitable.

Laissons pour l’instant les galets affûtés dans nos poches, “The Unspoken King” mérite un procès équitable. Dans la salle d’audience, les premières notes de ce nouvel album sont plutôt rassurantes. “Worship your Demons”, et “The Headsmen” sont assez loin de l’abîme affligeant qui semblait vouloir s’ouvrir sous nos pieds. Violents et incisifs, percutants et mélodiques, ces deux titres montrent un CRYPTOPSY inspiré par des tonalités proches de “NSV” combinées à des breakdowns groovy, des accords lâchés, des mélodies, des guitares virevoltantes: un Crypto très DeathCore.

- “Car oui, mesdames et messieurs les jurés”, entonne alors l’avocat général. “L’accusé ici présent se compromet dans un style à la mode, abandonnant technique et intensité suffocantes au profit de mélodies accessibles, et donc gay. Cette orientation est évidente sur la (néanmoins) très réussie “Silence the Tyrants” où le travail de Miss Durand se fait enfin sentir lors d’un pont aérien fait d’arpèges de basse et de claviers mélancoliques. C’est en voulant créer des atmosphères et en déchargeant sa musique de son intensité primitive que CRYPTOPSY se fourvoie, mesdames et messieurs. Comment la défense justifiera-t-elle le sabotage d'"Anoint the Dead" et ce terrible emo-couillage qu’est “Bemoan the Martyr”? Monsieur McGachy y tente une imitation de Layne Staley qui tombe comme un poil pubien dans un consommé d’asperges que rien ne vient sauver. Et parlons-en, de ce vocaliste issu de d’une scène à la moralité toute aussi équivoque. Surtout: que vient faire ce chant clair dans un album de CRYPTOPSY?

- “Mais c’est odieux! Je m’insurge devant cette mauvaise foi!!!” bêle en réponse l’avocat de la défense d’une voix de fausset. ““The Unspoken King” ne possède que dix pour cent de vocaux clairs, tout au plus. Ecoutez donc “Leach” et osez affirmer que ceux-ci ne sont ni bien amenés ni bien chantés. J’ajouterai que les chants hurlés et gutturaux sont extrêmement variés et d’une rare qualité. N’hésitons pas à l’affirmer, McGachy est peut-être le meilleur vocaliste que les Québécois aient possédé... Le plus varié et le plus inventif en tous cas.

- “Dans les yeux, je vous l’affirme: 10%, c’est déjà trop, et merde pour la variété. Vous n’êtes qu’une fiotte dont vous avez les goûts, Monsieur.”

- “Hé bien je vous conchie, vous et les hommes des cavernes dépassés que vous représentez”...

Bref, laissons ce débat stérile aux commentaires de VS (-boulets) qui ne manqueront d’ailleurs pas d’être riches...
Certains apprécieront ce mélange d’influences primitives et de mélodies plus immédiates, la transformation de l’aspect core que le groupe a développé depuis “Whisper Supremacy” en quelque chose de plus moderne et aéré. D’autres, et j’en fais partie, réécouteront “None so Vile” avec nostalgie en se disant que de toute façon CRYTOPSY est mort depuis... longtemps. C’est une question de goûts. Reste un album au mieux inégal, au pire très moyen, même s’il serait sans doute jugé bon (très bon?) pour un groupe de DeathCore lambda.
A ceux qui malgré tout dénient à CRYPTOPSY le droit de suivre cette évolution, souvenez-vous que c’est un groupe qui n’a, de sa carrière, jamais sorti deux fois le même album, qui fut notamment l’un des précurseurs des breakdowns dans le Brutal Death, des incursions “core”... Il faudrait aujourd’hui être surpris de les voir changer à nouveau? Entre “None so Vile”, sommet d’un Brutal Death poisseux et percussif et “And Then You’ll Beg”, mélange d’extrême, de jazz, de flamenco, de hardcore... les Canadiens n’ont plus à prouver leur diversité, ni leur intégrité.


Rédigé par : La Myxine | 13/20 | Nb de lectures : 16963