« De la guitare flamenco en guise d’intro pour le nouveau CRYPTOPSY ? Ben, voyons et puis la marmotte elle enveloppe le chocolat dans le papier d’alu (rien à voir avec le membre de la rédaction homonyme) pendant qu’on y est, hein ? ». Et pourtant, c’est bien de cette façon que CRYPTOPSY a décidé d’inaugurer son cinquième opus, après cinq ans d’une absence qui nous a semblé une éternité et qui a été riche en rebondissements inattendus.

Tout d’abord, il y a eu le départ de Mike DiSalvo, abandonnant sa place à Martin Lacroix l’ex-chanteur de SPASME. Alors qu’on pensait que tout allait au mieux dans le meilleur des mondes après le superbe album live « None so live », ce même Lacroix se faisait virer du groupe. Après avoir ménagé le suspens pendant quelques semaines, CRYPTOPSY annonçait finalement le retour de ce bon vieux suceur de lombrics de Lord Worm, le chanteur originel, celui-là même qui avait participé à l’établissement des lettres de noblesse du groupe. Revoilà donc CRYPTOPSY sur les rails, pour nous pondre un digne épilogue à « None so Vile » qui reste pour beaucoup le point culminant de la carrière des Québécois. Enfin, coup de théâtre, Jon Levasseur quittait le groupe laissant les fans dans l’expectative. Et finalement, après une demie décade, voilà « Once was Not », un disque qui marque incontestablement un tournant dans la carrière du groupe.

Si le groupe n’a pas vraiment changé sur le fond, il a mûri dans la forme. Dès « In the Kingdom where everything dies… », premier titre du disque, on assiste à une véritable explosion de ce que CRYPTOPSY sait faire le mieux. Un morceau purement bestial, parsemé de breaks inattendus et de riffs biscornus, le tout porté à bout de bras par un spectaculaire Flo Mounier qui s’est visiblement bien remis de sa greffe de quatre membres supplémentaires.
Si la boucherie continue sur le reste du disque (raaaahh lovely), il faut spécifier que des accalmies viennent toutefois tempérer le déroulement des hostilités. CRYPTOPSY se veut toujours aussi virulent mais également un peu plus nuancé dans sa façon de traiter le sujet. La part progressive du groupe a gagné un peu de terrain et le côté jazzy s’est raffermi. Mounier et Auburn se payent même le luxe d’un fugace interlude purement jazz sur « Keeping the cadaver dogs busy ». La voix de Lord Worm, sans doute à force d’ingestions répétées de vers de terre, a gagné en spécificité et se démarque des growls communs au genre. Je pense tout particulièrement à une paire de beuglements dans les règles qui vont en surprendre plus d’un.
Flo Mounier reste le monstrueux batteur qu’on a toujours connu. A l’aise dans les accélérations les plus soutenues comme dans les tours de force les plus techniques. Quant à Alex Auburn, désormais seul responsable des riffs psychotiques, il sort grandi par les quelques cinquante minutes de cette déflagration métallique. Hélas, le mixage ne rend absolument pas hommage à ses prouesses. Allez savoir pourquoi, la batterie est exagérément mise en avant et comme le père Mounier ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de cogner comme un sourd, les autres protagonistes se retrouvent quelque peu au second plan.

Pour le reste, il n’y a absolument rien à dire. CRYPTOPSY domine toujours aussi bien son sujet et ce disque annonce une nouvelle ère pour le groupe. Le temps d’une popularité qui ne sera plus réservée qu’aux fans est peut-être bien arrivé et CRYPTOPSY nous le confirmera dès début 2006, avec une tournée européenne. C’est pas trop tôt…



Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 15533