Normalement, plus besoin de vous faire un topo sur toutes les sorties estampillées RAZORBACK RECORDS : on a en général affaire à un death-metal dont aucune référence a moins de douze ans, avec une louche de films d’horreur de série Z, un chouia de culture ‘comics’ pour la forme et une production foutraque. Pour les deux ou trois autistes qui nous suivent qui vaudraient situer d’entrée le genre de disque à qui on a affaire, sachez juste qu’à chaque fois qu’un machin sort chez eux, VsGreg est obligé d’organiser un match de catch dans la boue entre moi et Tonton (pour l’anecdote, je gagne invariablement), histoire de désigner qui aura l’honneur de chroniquer la bête…

Or justement, CRYPTICUS fait honneur à sa famille d’adoption. Non seulement parce que son unique membre officiel, Patrick Bruss (assisté par un batteur de session), remplit sans problème tous les critères recherchés mais en plus, ce habitant du Colorado fait souvent quelques petits extras pour le label en masterisant presque toutes les sorties. Pas du genre révolutionnaire ni très branché avant-gardisme, Bruss patauge en 2009 toujours dans les mêmes eaux fangeuses qu’il y a trois ans, date de la sortie de ‘Dedicated to the Impure’ et s’est contenté d’aiguiser le tranchant de sa masse d’arme XXXL sans pour autant essayer à aucun moment d’en adoucir le ton. Son death-metal sent donc toujours des pieds et baigne toujours dans un écho transylvanien qui transforme chacun de ces riffs spongieux, entre NECROPHAGIA et AUTOPSY mais en plus véloce, en une grosse giclée de sauce tomate éclaboussant la gueule du petit auditeur sans défense. Rajoutez quelques samples de films des années 60, une voix bien gutturale (et sûrement trafiquée au pitchshifter) et en voiture Simone ! En fait, en plus d’un jeu plus propre et maîtrisé et d’une batterie qui sonne moins comme une boîte à rythme, la seule réelle différence entre ce skeud et son prédécesseur vient de quelques solos de gratte qui, comme « Rotting Masters » rajoute une (légère) bouffée de mélodie bienvenu dans ce disque sinon claustrophobe. Quant à cet orgue de barbarie qui pollue de façon sinistre « Lurkers in the Lab » ou l’excellent et dernier titre « They Called Me Mad », il rajoute un petit côté ‘horror metal’ pas dégeu. Mais voilà, point.

Alors s'il n’y avait cette voix d’outre-tombe, que l’on croirait résonner au choix soit du fond d’un tonneau de purin soit d’un disque de death-metal finlandais du début des années 90 style FUNEBRE, on rapprocherait presque CRYPTICUS de l’un de ses compères de RAZORBACK, le BLOOD FREAK de Maniac Neil, mais en version moins thrashy. Une chose est sûre : ce fameux feeling death old-school aujourd’hui si rare, cette atmosphère difficilement définissable et pourtant indispensable, cette faculté à faire instantanément vibrer la corde sensible des indécrottables nostalgiques de ‘Leprosy’, ‘Seasons of the Dead’ ou autres ‘From beyond’ est ici bien présente. En gros, CRYPTICUS fait du pur RAZORBACK. Les initiés me comprendront. Les autres ?! Ils n’ont sûrement pas poussé la lecture de cette chro aussi loin de toute façon donc…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 10600