A force de traîner ses guêtres, il est des groupes qu'on a le temps de voir grandir. Mourir aussi, parfois après bien des années de service. Mais c'est un autre sujet. Aujourd'hui, on pète le feu, c'est l'été, soyons positifs. Allez, je vous raconte ma vie, tiens.

La première fois que j'ai vu Cruxifiction, c'était en 2008 aux Mains d’œuvre à Saint-Ouen, dans le cadre du festival BMIR. Dommage que le public n'ait pas souhaité bouger ses miches au-delà du périphérique, parce que la salle était franchement sympa. Cette édition du BMIR aussi, d'ailleurs. Je me souviens encore de Cruxifiction et leur tout jeune batteur de l'époque, bodyguardé par son paternel et qui assurait bien pour ses 13 ans au compteur. Leur black hérétique biberonné à Dark Funeral passait bien le cap des planches. Ensuite, la formation francilienne a beaucoup écumé les premières parties parisiennes (un peu trop, à mon goût) mais n'en a pas moins engrangé de l'expérience. Après m'être autorisé une pause sur leurs prestations scéniques, j'ai pu redécouvrir le groupe en mars dernier. Et ce fut une très bonne surprise, les nouveaux titres ravageant très bien l'auditoire. Le bassiste/vocaliste m'annonçait alors la sortie imminente de l'album. C'est désormais chose faite chez De Tenebrarum Principio, sous-branche de l'Italien ATMF bien branché par la scène parisienne ces derniers temps.

Avec ce premier album, Cruxifiction livre ce que la pochette laisse augurer. Un black classique dans sa forme, qui puise son énergie dans l'hérésie et le culte de la mort et de la destruction de l'humanité. Non, le trio n'aime pas Jésus et ne nous aime pas beaucoup. Et il l'assène, en déployant un black dans la lignée des scènes scandinaves du siècle dernier, notamment en suivant les mélodies des Suédois. Les palm mutes les plus dynamiques m'évoquent également Gorgoroth. Hormis le final teinté doom de "The Coming", l'opus reste dans la tradition, le groupe agenouillé devant l'autel du BM.

Classique, mais néanmoins efficace. Cruxifiction ne donne pas dans la surprise, mais livre un assaut efficace et bien mené. Le guitariste Belial s'est chargé des parties de batterie, instrument qu'il pratiquait dans Valhôll où s'ébattaient nos trois larrons. Tout le bazar a été fort bien mis en boîte par Jipouille de Saint Loup (sonorisateur de Treponem Pal, Svart Crown ou Otargos).

Bref, vous aurez compris qu'on reste en famille, avec une formation qui ne prétend pas innover mais juste envoyer les décibels. A ce titre, le résultat est bien là. Gagnant en maturité, Cruxifiction a trouvé sa voie et bêche avec vigueur. Rien de bien neuf sous le soleil de Satan, mais un opus qui s'écoute avec plaisir et qui laisse même pointer une petite nostalgie de l'ancien temps. Ça serait dommage de se priver.


Rédigé par : Prince de Lu | 13,5/20 | Nb de lectures : 13610