Mis à part quelques exceptions, le Danois est un peu comme son (quasi) voisin batave en terme de death-metal : il l’aime bien carré, bien brutal-dans-ta-gueule avec cet arrière-goût américain qui ne trompe pas. Cela tombe bien, c’est exactement ce qui convient aux quatre gars de CRUCIFIX dont le nom plus bateau tu meurs laisse deviner le peu d’implication de ses membres dans le débat sur l’intérêt, d’un point de vue philosophique et sociologique bien sûr, de la physique quantique et de son application à la recette de la tartiflette.

Comme leurs potos de SPECTRAL MORTUARY, ces mecs-là adorent IMMOLATION et HATE ETERNAL. Mais s’il y a une chose qu’ils préfèrent par dessus tout, c’est d’aller plus vite que leur voisin. Donc même si on a l’impression une fois sur deux d’entendre Ross Dolan beugler dans le micro, ce que l’on retient surtout de ce premier album, au-delà de son artwork digne d’INCANTATION, c’est l’avalanche de blasts et de double pédale qui assaille le pauvre auditeur tout le long de ces quarante-trois minutes. C’est très simple, cela n’arrête presque jamais ! Comme s’il avait été frustré pendant toutes ces années de ne devoir s’en tenir qu’à un petit 4/4 des familles avec VICTIMIZER ou CHURCH BIZARRE, le dénommé Lars Groth va ici 80% du temps à fond les ballons, comme s’il tentait de battre le record de vitesse de son compatriote Reno Killerich. Un artifice qui aurait pu se révéler très vite fatiguant si derrière, ces petits camarades n’avaient pas assuré une cacahuète. Mais heureusement, le reste de CRUCIFIX a du souffle et tiennent la distance avec professionnalisme, sans parler de ce mastering un peu trop porté sur la double grosse-caisse mais sinon bien puissant signé par Tore Stjerna au studio Necromorbus à Stockholm.

Par contre, cette politique de la terre brûlée n’est pas sans conséquence car elle ne laisse place à aucune fantaisie ni expérimentation, ni même pour de pauvres solos, plutôt rares, et signés sur deux titres par Kristoffer Rigbolt de SPECTRAL MORTUARY comme par hasard. Le pire est que lorsqu’ils prennent acte des dernières manœuvres d’EXMORTEM et qu’eux aussi s’amusent avec des tempos plus lourds (« Monarch of Chaos »), le contraste est alors saisissant et le résultat dévastateur. Mais voilà, pour son premier album, CRUCIFIX a choisi la méthode bulldozer et de rentrer dans le lard, histoire de faire un gros trou dans le mur d’en face et d’ainsi laisser sa trace. A ce niveau-là, la mission est remplie au-delà de toutes espérances avec ‘Threnody of the Crucifix’. Mais on retiendra surtout que s’ils parviennent dans le futur à canaliser toute cette fureur bouillonnante, alors là ce n’est plus un pauvre petit muret à la con qu’il faudra pour les arrêter mais bien l’Empire State Building.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 10417