Projet solo de l’ex-DARK FORTRESS, Walter “Crom” Grosse, CROM nous revient avec son deuxième opus studio, "Of Love And Death", qui fait suite au très bon "Vengeance" paru en 2008. One man band oblige, Crom s’est chargé de toutes les parties vocales, des guitares et de la basse, mais il a quand même fait appel à ses anciens compères de DARK FORTRESS, Seraph (batterie) et V. Santura (guitares additionnelles et chœurs). Que ceux qui ont adoré "Vengeanc"e se rassurent, la formule musicale n’a guère changé : on retrouve bien le heavy metal épique aux influences pagan / viking à la BATHORY qui a fait la réussite de ce premier album. Simplement, le concept a quelque peu évolué, en l’espace de trois ans : exit les références à la mythologie nordique et place désormais à une réflexion sur les amours impossibles et le désespoir qui en résulte.
"Of Love And Death" se veut en effet plus introspectif et plus personnel que son prédécesseur. Plus sombre aussi. Dès les premières minutes, le titre « Reason To Live » nous convie à partager les interrogations et les tourments de Walter Grosse. Le voyage émotionnel en compagnie du musicien allemand ne fait que commencer, mais l’on sent bien que la profondeur des sentiments exprimés sur ce disque en fera un album à part. Sans aller jusqu’à dire que Crom se met à nu au travers de textes paraissant solidement ancrés dans la réalité, il ne fait nul doute que la composition de ce deuxième opus studio lui a servi d’exutoire. Des morceaux comme « Lifetime » ou « Just One Blink », d’une profondeur rare, traitent de sujets douloureux comme la rupture amoureuse et la solitude. Il faut à ce titre entendre l’artiste désenchanté déplorer la perte de l’être cher sur le poignant « My Song For All The Broken Hearts ». Notons au passage qu’en plus d’être un compositeur doué et un musicien aguerri, Crom est également un chanteur très convaincant, même si son registre vocal est assurément limité.

Toutefois, le metal épique joué par CROM est peut-être triste et mélancolique, mais il est avant tout d’une beauté peu commune. Walter Grosse excelle d’ailleurs dans l’art de créer des contrastes entre les moments calmes et intimistes, et les parties musicales plus foncièrement musclées. Nombreux, les passages acoustiques et atmosphériques illuminent véritablement ce disque par leur simplicité et leur justesse (« Eternal Dreaming »). A titre d’exemple, on en arrive parfois à penser au travail de Mick Moss au sein d’ANTIMATTER, même si CROM conserve une assise typiquement heavy metal. Sans que l’une ne parvienne à prendre le pas sur l’autre, obscurité et lumière se relaient tout au long d’"Of Love And Death". En résulte un disque parfaitement équilibré, faisant autant de place à la nostalgie qu’à l’espoir.

En fin de compte, Walter “Crom” Grosse confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec ce deuxième opus solo. Si l’on peut émettre quelques regrets par rapport au changement de concept intervenu entre 2008 et aujourd’hui, l’écoute d’"Of Love And Death" se révèle tout aussi passionnante que celle de "Vengeance". Le metal de CROM a peut-être un peu perdu au passage son côté épique, mais il a indéniablement gagné en profondeur et en personnalité. Voici en tout cas un nouveau coup d’éclat de la part d’un artiste avec qui il va falloir compter dans les années à venir.


Rédigé par : up the irons | 15.5/20 | Nb de lectures : 12838