Originaire de Palerme, plus grande ville de la Sicile, Crimson Wind est un tout jeune groupe de heavy/power symphonique, comme il en existe de plus en plus en Italie. Formé il y a maintenant 3 ans, le groupe sort en 2011 son premier album, «The Wings of Salvation». La première chose à dire sur cet album, c'est qu'il est porté par une certaine ambition, qui dépasse un peu le strict cadre musical. En effet, le groupe développe un concept plutôt intéressant dont les deux protagonistes sont un humain et sa conscience. Les paroles sont, comme dans une pièce de théâtre, un dialogue animé entre un homme dont l'esprit est corrompu par la haine, exposant ses réactions sur ses émotions, ses sentiments, son passé, et son futur à sa conscience qui lui répond et tente de le guider vers la purification et son salut.

Un concept explicité dans le livret avant chaque morceau pour bien comprendre la trame musicale qui se développe. Et il faut bien dire qu'un album conceptuel est toujours plus intéressant à écouter et suivre, qu'un simple album, surtout quand le groupe est inconnu et débute. Bien évidemment, la musique reste le plus important, et comme quoi des fois les choses sont bien faites, Crimson Wind a du talent, et surtout un très bon chanteur: le dénommé Alessio Taormina est un vocaliste complet, à l'aise lorsqu'il faut pousser dans les aigus (le résultat est bluffant sur l'endiablé, «The Crimson Stains», un morceau dynamisé par des échanges rapides entre l'humain et sa conscience qui se compte parmi les titres les plus heavy de l'album) ou assurer des lignes plus mélodiques; et pour celles-ci le résultat est tout aussi touchant et réussi sur le morceau «Slave to Your Memory», magnifique pièce émotionnelle et posée, où piano et saxophone trouvent leur place.

Un chanteur dont certaines intonations ne seront pas sans rappeler Timo Kotipelto (Stratovarius), Alessio ayant un chant mélodique mais avec un petit grain personnel et original qui ne le fait pas réellement ressembler à un autre chanteur. En parlant de Stratovarius et de la ressemblance, on peut dire que si Crimson Wind semble influencé par le groupe finlandais, pour la teneur des rythmiques à connotations speed mélodique (le dernier titre, «Wings of Salvation» ou le riffing mordant de «Rebirth» ne seront pas étrangers aux connaisseurs), le groupe parvient déjà bien à se forger son identité, son son (avec une production peut-être un peu frêle, mais pas préjudiciable aux morceaux). Il reste au groupe à améliorer ses soli, qui la plupart du temps émanent des claviers au lieu des guitares (l'inverse est plus classe et offre plus de possibilités je trouve), et -toujours les soli- sont parfois un peu trop calqués sur ceux de Rhapsody ou Stratovarius.

Les morceaux dégagent des sensations, des émotions «positives», qui transcrivent le combat douloureux mais essentiel et au final bien fondé de l'homme dans la quête de sa rédemption; on peut dès lors s'imprégner des refrains et des harmonies («Endless Déjà-vu», «Abyss of Fire» et autre «Hold Your Dreams»), qui s'ils ne sont pas toujours parfaitement développés, font clairement vivre un album assez «frais» et atypique pour le genre. En aucun cas tout de même Crimson Wind ne révolutionne le genre, mais voilà la preuve formelle que de jeunes groupes peuvent encore sortir de nos jours des albums convaincants et intéressants, et que si on tombe parfois dans une certaine routine (avec d'autres groupes), on peut toujours découvrir de nouveaux «talents» qui méritent un peu d'attention. Et Crimson Wind en fait partie.




Rédigé par : gardian666 | 15,5/20 | Nb de lectures : 12390