Qui se souvient encore des autrichiens de Stygma IV ? Cet excellent groupe de heavy metal, auteur de plusieurs albums de qualité à l’aube des années 2000, a joué de malchance tout au long de sa carrière : changements de nom successifs (Big Heat, Stigmata, Stigmata IV, puis enfin Stygma IV), problèmes de labels, succès introuvable, et pour finir un split en 2005 couronnant plus de dix années de galères. Dommage vraiment, car ce combo distillait un heavy très personnel et racé. Depuis la séparation du groupe, ses membres étaient restés plutôt discrets, mais voici venir en cette année 2009 Crimson Cult, qui compte en ses rangs ni plus ni moins que le guitariste Günter Maier et le bassiste Alex Hilzensauer, soit la moitié de Stygma IV.

Tuons le suspense d’entrée de jeu : ce premier disque est un petit bijou de power/heavy metal. Le label Dockyard1 ne s’y est d’ailleurs pas trompé en signant le groupe en début d’année, le magazine allemand Rock Hard non plus, en choisissant Crimson Cult comme « démo du mois » dans son numéro d’avril 2009. Assez proche dans l’esprit de ce que pouvait proposer la précédent formation de nos deux compères, notamment en terme d’originalité, ce nouveau projet n’en est pourtant pas une simple copie. Varié, l’album puise principalement ses influences dans le heavy traditionnel des 80s et peut faire penser à Black Sabbath (version Dio), en particulier sur l’introductif « Evil Design », qui rappelle inévitablement le « Neon Knights » du Sabbat Noir. Il lorgne plutôt du côté de Candlemass sur « Dirty Demon », aux accents doom prononcés. Ce sont aussi des éléments plus progressifs qui sont mis en avant sur le dernier titre « Centre Of The Universe » (8 minutes au compteur). Plutôt sombre dans l’ensemble, comme pouvait l’être l’œuvre de Stygma IV, la musique de Crimson Cult se démarque de la grande majorité des formations de heavy actuelles souvent trop occupées à pomper leurs glorieux aînés. Plus important encore, sur les dix morceaux qui composent cette galette, il n’y a pratiquement rien à jeter, c’est dire la qualité de ce premier essai.

On retrouve avec plaisir le gratteux Günter Maier, qui, tout au long de ces 55 minutes de musique, parvient toujours à trouver la note juste, le solo qui tue, en privilégiant la mélodie à la technique pure (« Lava Machine »). Ce constat est aussi valable en rythmique, tant les riffs plombés qu’il distille sur ce disque sont efficaces (« Undead », « Misanthrope »). Notre homme n’est d’ailleurs pas un grand fan de Tony Iommi pour rien. Il convient aussi de mentionner la superbe prestation de Walter Stuefer, excellent vocaliste qui possède sa propre personnalité, chose assez rare de nos jours dans ce style. Il suffit d’écouter le superbe « Land Of The Crimson Night », assurément l’une des perles de l’album, épique à souhait, pour comprendre à quel point il sublime les compositions de Günter Maier. Et puis, le chanteur possède dans sa voix un petit quelque chose qui le rapproche du très grand (par le talent) Ronnie James Dio, ce qui n’est vraiment pas pour me déplaire… On peut dire qu’avec une section rythmique de grande qualité, le quatuor autrichien possède un line-up solide, que l’on espère voir perdurer pendant un long moment.

Avec un premier album de ce calibre, aussi frais qu’inattendu, Crimson Cult est solidement armé pour rejoindre le peloton de tête des formations qui comptent dans les années à venir. Si je ne devais vous donner qu’un seul conseil pour conclure cette chronique, ce serait de foncer acheter ce disque, ces mecs-là le méritent amplement.


Rédigé par : up the irons | 16.5/20 | Nb de lectures : 9899