Le crossover, c’est ma gamelle, pour reprendre cette expression « canigouesque » chère à notre percheron de Cobra Commander. Bah voui, ça ne servira à rien de se voiler la face, j’adore le style, sa spontanéité, le côté joyeux et urgent de son thrash débridé associé à une mentalité punk, son feeling bordélique, sa débilité et la portée quasi-métaphysique de ses textes chargés de vulgarité, le côté insouciant et franches poilades conjugués à des prises de positions politiques revendiquée.
Combien de divans ruinés par des slams sauvages en écoutant EXCEL à fond les ballons pendant que Papa et Maman étaient partis faire les courses à Euromarché ?
Combien de casquettes ruinées à coup de marqueur ou de tipex pour barbouiller des slogans ou des logos boiteux ?
Combien d’heure d’entraînement à tenter de suivre le débit de paroles supersoniques de Kurt Brecht ou Tito Matos ?
Si le style qui symbolisait à merveille la fin des années 80 est en voie d’extinction, il reste toujours quelques fêlés pour reprendre le flambeau d’un genre devenu totalement has been.

Dernière trouvaille sur la toile, les Ricains de CRIMIX nous arrivent tout droit d’Hollywood. Non, pas le Hollywood des superproductions super nases et des poupées Barbie peroxydées plus kitées que des mobs de banlieue avec des lèvres tellement botoxées qu’elles en ressemblent à des canards (la raison pour laquelle vous ne verrez jamais de starlettes dans les bois dès l’ouverture de la chasse). Non, CRIMIX vient du Hollywood en Floride, du côté de Miami pour être plus précis. Et pour leur premier EP au titre énigmatique, il faut admettre qu’ils ont fait fort (au passage je déplore que la taille réduite de l’artwork ci-contre ne vous permette pas d’en saisir toutes les nuances).

On retrouve ici tous les ingrédients dont je parlais quelques lignes plus haut : des riffs hyper énervés qui partent un peu dans tous les sens, des solos bordéliques et suraigus, des lignes de chant –si on peut appeler ça ainsi- débitées à grande vitesse et des refrains joyeusement scandés. Comme c’est souvent le cas, la mise en place est totalement approximative devant l’ampleur de la frénésie déployée ici.

Côté production, c’est la grosse rigolade avec des variations d’un titre à l’autre et un son de batterie à pisser de rire. A noter que le batteur est supposé être un poulet quand même. Alors que les cymbales (sous réserve que ça soit véritablement des cymbales) ressemblent d’avantage à une poignée de cintres métalliques martyrisés, la caisse claire, sur certains titres, résonne avec le même « poc » mat qu’une portière de renault 5 et je ne vous parle même pas de ces descentes en rototom à rendre Christian Vander dépressif. Pas mal pour un poulet quand même, nan ?
Bref, c’est le gros bordel et un disque comme celui-ci est une véritable insulte au bon goût et a toutes les chances de vous irriter les oreilles au-delà du supportable.

Alors qui ? Qui saura saisir toute la détresse sous-jacente d’une jeunesse en perdition sur les allégories poétiques de « Titties and beer » ? Qui saura capter l’émotion éthylique transmise par ces accords d’un autre temps ? Qui pourra comprendre toute la portée absurde du message, ou plutôt de l’absence de message, d’énergumènes pareils ? QUI ? J’vous l’demande, saperlipopette !!!

Bah moi pardi ! C’est débile, speed comme un écureuil sous ecstasy et tout simplement énorme.
Il est fort à parier que le nombre de lecteurs de mon avis ne dépassera pas le nombre de doigts d’un lépreux mais qu’importe. Et pour ceux qui se demanderaient encore comment on peut mettre une bonne note à une merde pareille c'est très simple. On fait comme ça :


Rédigé par : Tonton | 08/10 | Nb de lectures : 11097