Avec ce premier album, le trio de CRETIN est de retour après « Cretanic Grind Ambush », un 7 pouces sorti chez relapse en 2004. Malgré ses airs de débutant, CRETIN est en fait un vieux projet fondé en 1992 par deux zicos plus ou moins proche d’EXHUMED.

En effet, derrière les pseudos douteux de ses protagonistes, on retrouve Matthew Widener et Dan Martinez, deux affreux qui ont jadis croisé la route du fameux gang californien. Widener ayant été accaparé par son autre groupe, CITIZEN, il aura fallu attendre 2003 pour que le projet reprenne du poil de la bête avec l’arrivée d’un autre ex-EXHUMED derrière les fûts, j’ai nommé Col Jones.

C’est donc en toute logique que l’on pouvait s’attendre à un énième tribute band à CARCASS avec ce « Freakery » et cette expectative se confirme dès les premiers accords ronflants et caractéristiques qui ouvrent cet album. Contre toute attente, le style de nos CRETIN bascule dès la première minute dans un registre radicalement différent, très voisin de celui de REPULSION, les fabuleux précurseurs grind du Michigan, mais également ouvertement inspiré par NAPALM DEATH et TERRORIZER.

Mais ce retour aux sources n’était-il pas prévisible lorsque l’on sait que c’est notre bon Col Jones qui a prêté ses baguettes à ces mêmes REPULSION lors des quelques prestations qu’ils ont pu donner ces dernières années ? Et si l’on ajoute à cette influence majeure un goût immodéré pour les groupes antérieurs à 1990, c’est très naturellement que l’on arrive à « Freakery » un authentique album de grind monstrueusement efficace tout au long de ses trente minutes.

Les ingrédients qui avaient permis à REPULSION de se distinguer sont évidemment de la partie : un chant saccadé, presque parlé, dans un registre qui ignorait jadis encore les growls, une batterie sans bidouillage qui blast quasiment de la première à la dernière minute et une succession de riffs ultra incisifs évoquant davantage le rodage d’un tracteur qu’un instrument de musique. On retrouve ces relents punk typiques des années 80 associés à un coté rock ‘n’ roll pas désagréable du tout. De même, nos CRETIN se permettent quelques petits clins d’œil à SLAYER par une paire de solos et un petit break sur « Tazer » qui évoque immanquablement celui d’ « Hell Awaits ».

Mais, vous vous demandez probablement pourquoi ce trio a choisi de s’accoutrer d’un nom aussi punk pour prodiguer son grind dévastateur. Hé bien, cette réponse se situe dans des textes mettant en scène une galerie de portraits directement sortis des entrailles les plus profondes des Etats Unis, de ces bayous glauques directement affiliés à ceux du « Delivrance » de John Borman, de ces régions reculées plongées dans la dégénérescence de la consanguinité. Il va sans dire que le coté décadent et malsain de ces propos colle assez bien avec le grind indiscutablement, volontairement rétro de « Freakery »

C’est vrai que niveau technicité, le style pratiqué ici n’a rien d’académique, que la production n’a rien d’aseptisé, que les titres, à quelques exceptions près, se ressemblent et pourtant des disques comme ça, j’en redemande. Y’a pas de règle…


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 14285