Creature With The Atom Brain évoquera pour les plus vintage d'entre vous un vieux nanard SF n'ayant pour seul intérêt qu'un synopsis improbable, fruit des orgies psychotropiques d'un des scénaristes les plus prolifiques du genre (ndr : Curt Siodmak mais vous vous en foutez à mon grand regret).
Ici il s'agit bien de musique, et vu le patronyme du groupe j'ai pensé intuitivement à une formation psychobilly avant de voir associés au projet les noms de Chris Goss et Mark Lanegan dont seront familiers les fans de musique qui rend stone. Le premier est un producteur de renommée au sein des formations desert rock tandis que le second, tout aussi connu (Queens Of The Stone Age, The Gutter Twins), apparaît en guest vocal sur le magnifique « Lonely light ». Le plumitif blasé pressent dès lors que l'album risque d'être excessivement calibré, conscient malgré tout qu'il faut bien affirmer une identité forte dans l'impitoyable marché musical où disparaissent les jeunes formations plus rapidement qu'une tête de beuh dans un concert Stoner.
Metôl! Ton univers impitoyable
Metôl! Glorifie la loi du plus fort
Metôl! Et sous ton soleil implacable
Metôl! Tu ne redoutes que la mort

Alors oui, malheur à celui qui n'a pas compris, un jour il y perdra la vie.
Mais Ô surprise CWTAB n'est pas un énième groupe californien qui veut nous embarquer sur la route des Carpates, ces gars-là sont d'authentiques Belges, originaires d'Antwerpen. Le projet est d'ailleurs porté par Aldo Struyf, un ancien du groupe Millionnaire ayant aussi évolué sur les pistes poussiéreuses du rock désertique. Victoire! La musique n'a plus de frontières et bientôt fleuriront les groupes de Pagan Black portugais.
Fort de ce capital de sympathie, ce deuxième album de CWTAB peut commencer son entreprise de séduction, déployer tout en douceur ses rythmiques lancinantes aux agréables relents d'indie rock et de noise. Rien d'extravagant, rien de trop dynamique, « Transylvania » emprunte quelque chose du psychédélisme des 70's pour l'insuffler au rock soigné et un peu convenu en vogue actuellement. Le résultat est un album étrange qui échange la lourdeur du Stoner contre une torpeur confinant à la gueule de bois. Ça fonctionne plutôt bien si on a connu les sensations délicieuses d'une traversée de l'autoroute des Ardennes en état d'hébétude alcoolique, rongé par la bière Trappiste et les nuances de gris infinies d'un ciel en absence. Un véritable road-movie flamand où les errances éthyliques du voyage importent bien plus que la destination ; mise en musique cette balade-là possède tous les atouts pour me plaire. La prod claque pas mal, assez sèche et froide pour poser la bonne ambiance ; ici et là les grattes flirtent entre rock massif et bruitisme bienvenu tandis que le chant de Struyf évolue dans ce registre un peu monocorde où sa voix exprime plus de délicatesse que de rudesse sudiste.

Mais enfin pourquoi « Transylvania » me direz-vous? Pas moyen de mettre la main sur les textes, on ne peut donc que se perdre en conjectures et avancer benoîtement que le groupe enfonce le clou de l'imagerie horrifique de série Z que l'on rencontre parfois chez les pionniers britanniques du genre. En maraude sur une route qui ne mène nulle part les Flamands de CWTAB ne demandent qu'à vous prendre en stop le temps de cramer quelques joints sans avoir la prétention de réécrire l'histoire du rock en chemin.


Rédigé par : #Guillaume# | 14/20 | Nb de lectures : 11976