Avant de commencer à rédiger cette kronik je me suis forcé à réécouter "Thornography" et je dois dire que, deux ans plus tard, le 06/20 que je lui avais attribué était amplement mérité, à la limite je me demande même si je n'aurais pas dû lui mettre la bulle. Je n'en reviens toujours pas de ces riffs en cartons, de ces mélodies kitschissime et du chant quasi clair du nabot dreadlocké.

Octobre 2008, les dreadlocks sont tombées, le batteur à la gomme est retourné dans la maison mère AT THE GATES et à l'instar de la team rocket, CRADLE OF FILTH est de retour pour nous jouer un mauvais tour! Mais attention, on n'a pas affaire ici à un tour de passe-passe minable d'un Sylvain Mirouf ou autre Gérard Majax, "Godspeed on the Devil's Thunder" c'est la grande illusion by David Coperfield. Tout ce qui faisait de "Thornography" un piètre album a totalement disparu. Dani a-t-il été vexé devant l'amoncellement de critiques négatives, le label a-t-il mis la pression pour que le groupe se sorte de cette infâme mélasse afin d'éviter un second désastre ? Nous n'aurons jamais les réponses à ces questions, en revanche ce qui est sûr c'est que "Godspeed on the Devil's Thunder" marque le retour du grand CRADLE OF FILTH, celui-là même dont j'arborais fièrement les t-shirts il y a plus de dix ans.

J'avais dans un premier temps pensé à vous montrer toutes les similitudes entre ce nouvel opus et ceux qui ont fait la gloire du groupe anglais, mais je me suis vite résigné. Même si la volonté d'un retour aux sources semble aux premiers abords on ne peut plus présente, un nombre d'écoutes suffisant vous prouvera facilement que "Godspeed on the Devil's Thunder" est avant tout un album original et varié, sans pour autant surfer sur la nostalgie d'un "Dusk And Her Embrace".

Si le départ du gros Barker avait été une perte considérable pour le groupe, l'arrivé de Martin Škaroupka semble être son élément salvateur. Le batteur tchèque nous gratifie des blasts les plus rapides jamais entendus chez CRADLE mais son rôle ne se limite pas à cela, toutes ses parties de batteries sont volontairement agressives et bien moins simplistes que celle de son prédécesseur. Ajoutez à cela un Paul Allender qui retrouve le chemin de l'inspiration, un clavier qui ne se limite plus à trois notes par morceaux, un Dani au chant définitivement extrême et vous obtiendrez l'album de CRADLE le plus épique depuis "Cruelty And The Beast".

"Godspeed on the Devil's Thunder" ne se résume pas pour autant à une débauche de violence, depuis "Midian" CRADLE OF FILTH nous avait habitués à de très bons titres mid tempo résolument tournés vers la mélodie, le groupe perpétue ici cette tradition avec "The Death Of Love" et son refrain en chant féminin bien moins niais que les balbutiements d'une certaine Liv Kristine sur "Nymphetamine". Mais sur "Godspeed on the Devil's Thunder" l'hymne imparable se nomme "The 13th Caesar", son intro grandiloquente, son refrain catchy, ses somptueuses orchestrations, j'avoue qu'il m'a été très difficile de ne pas me le repasser en boucle lors des premières écoutes.

Epiques, mélodiques, tous les types de morceaux se mélangent dans une parfaite harmonie sur "Godspeed on the Devil's Thunder", en cela on peut dire que CRADLE OF FILTH a réussi son pari en nous délivrant un concept album tout à fait cohérent et ce malgré sa longueur. Cette dernière peut paraître rédhibitoire et je ne vous cache pas qu'il m'a fallu un certain temps pour assimiler l'album dans son ensemble, mais une fois cette étape passée, on digère aisément les morceaux de neuf minutes et on en viendrait presque à en redemander, car contrairement à "Damnation And A Day", ici la longueur n'entache en rien la qualité.

Certains d'entre vous me diront que j'avais sous-noté le précédent et que je surnote celui-ci. Pour ma défense je répondrais que je fais partie de la génération CRADLE OF FITH, celle qui a vu le groupe s'afficher en première page de Metallian, HRM, feu Hard N'Heavy ou bien encore feu Hard Force (malgré la dévotion de ces derniers au Néo), celle qui a découvert "Dusk And Her Embrace" sur sampler et faisait le pied de grue devant les disquaires pour acheter "Cruelty" à sa sortie. J'ai adoré CRADLE, j'ai détesté CRADLE et chose qui me paraissait inconcevable il y a encore quelques semaines, j'aime de nouveau CRADLE. "Godspeed on the Devil's Thunder" ne révolutionnera en rien le metal extrême et n'y laissera probablement pas son empreinte, c'est juste un très bon album de CRADLE et ça fait plaisir à entendre.


Rédigé par : wasted | 16,5/20 | Nb de lectures : 17081