Cradle…Que dire de plus alors que tout a déjà été dit et écrit…Que dire si ce n’est qu’il s’agit de leur dixième album et que nous avons le droit à un léger changement au niveau du personnel. En effet, la Sarah ayant préféré faire piou-piou toute seule dans son coin, Dani engagea quelques damoiselles pour pousser la chansonnette et s’adjoignit les talents de claviériste d’Ashley Jurgemeyer échappée d’Abigail Williams. Hormis cela, il n’y a pas eu de grands changements.

Après un inespéré et excellent album en 2008 sur notre zigouilleur d’enfants national, Dani se propose d’évoquer le personnage de Lilith censé être la première femme d’Adam et l’antithèse d’Eve. En gros, c’était une gonzesse comme je les aime, avec une grosse paire d’ovaires. Comme elle refusait de faire le ménage pendant qu’Adam matait le foot à la TV, ce dernier se plaignit à Dieu qui dans son infinie bonté lui envoya une blondasse, à qui un serpent de passage fit passer, à ses yeux éberlués, une partouze pour une salade de fruits.

Musicalement, la troupe poursuit sur le coup de fouet que fut le précédent opus. Coup de jeune qui coïncide avec l’arrivée de leur batteur actuel Martin Skaroupka qui possède une grosse tendance à faire des copeaux une batterie entre les mains. Il faut bien avouer que le combo s’est rarement montré aussi frontal. L’album se lance telle une furie à coup de blasts et de riffs Thrash ; le clavier se retrouvant quasiment seul à porter les lignes mélodiques. Lignes qui dévoilent un aspect plus héroïque qu’horrifique. Le sentiment est renforcé par une utilisation plus importante des cuivres, ce qui renvoie à un petit côté péplum assez déroutant pour du Cradle.

A côté de cela, on trouve quelques lignes plutôt Rock’n’Roll qui apportent un peu de Swing dans ce matraquage qui va nous amener jusqu’au cinquième titre où le combo va décider de lever un peu le pied de la pédale de Thrash. The Persecution Song rappelle d’ailleurs le morceau le plus « popisant » du précédent The Death of Love. A partir de là, l’opus va gagner en variations.

Le chant féminin finira par apparaître, les guitares finiront par porter des leitmotivs, des breaks atmosphériques voire étranges viendront émailler certains titres, un titre digne de Cruelty (Harlot on a Pedestal) déploiera sa classe et on tombera même sur un drôle de titre (Forgive Me Father) Rock/Metal très Pop où Dani nous sort une espèce de tentative de voix claire. Un morceau qui va en défriser plus d’un.

Et c’est là toute l’ironie de la chose car s’il est plaisant d’entendre Cradle remonté comme un diablotin dans sa boîte, l’agression se montre assez peu évocatrice, hormis ce clavier plus Elfman que jamais, et l’auditeur finit par s’attacher aux morceaux à priori moins extrêmes. La structure de l’œuvre n’aide guère avec cette césure entre la partie brutale et ce final plus diversifié. Etrange sentiment, on ressent à la fois de la redondance et dans le même temps un côté patchwork. Drôle d’album, comme si le combo s’était fait peur à la vue des premiers titres et avait décidé d’insuffler un vent de légèreté dans ce tabassage.
Sur le même mode, la prod ne choisit pas entre les différentes strates. Cela aboutit à un son de bonne facture mais manquant singulièrement de reliefs.

Alors que le précédent album avait su se hisser au niveau des premières réalisations du groupe, ce nouvel essai ne réalisera malheureusement pas le même exploit. Mais le fait est que cette Lilith se montre suffisamment belle pour passer pour un bon cru dans leur longue carrière. Certes, ce n’est pas la galette de l’année mais dans le créneau je n’ai rien entendu de beaucoup mieux cette année. Ce ne sera pas un essentiel mais peut-être une transition qui aboutira à la fusion réussie entre la brutalité directe et élégance gothique. A suivre…


Rédigé par : Dark Rabbit | 13,5/20 | Nb de lectures : 16346