Ahhh Paris. La Ville Lumière. The City Of Love comme disent les Anglo-Saxons. Ahhh Paris, la Tour Eiffel, la Plus Belle Avenue Du Monde, Notre Dame, Le Quartier Latin, La Sorbonne, ces petits bistrots bucoliques issus d’un autre temps, Le Louvre, Les Jardins du Luxembourg, Le Père Lachaise, la Fashion Week, la Place Vendôme, les immeubles haussmanniens qu’on ne trouve nulle part ailleurs et tout un tas d’autres merveilles. C’est ça Paris. Enfin, le Paris de Woody Allen. Le Paris de COWARDS lui est bien différent. C’est le Paris dégueulasse des clochards, du métro qui sent le vomi, des caniveaux, des rixes en sortie de bars. Le Paris des putes et des camés, les ruelles sales qui puent la pisse et la bière. Le Paris des rats et de la déprime. Ce n’est plus la City Of Love mais le Filthy Paris qui inspire ces cinq bardes urbains au curriculum vitae long comme le bras: Sickbag, Death Mercedes, Hangman's Chair, Eibon, Glorior Belli, Dacast, Colossus of Destiny, ça te parle un peu ?
Toutes ces influences se retrouvent et se ressentent dans leur musique. Un son urbain et crasseux, nauséeux, noir et écorché qui démarre par une mise sous tension prenant la forme d’une sonorité basse qui monte, qui monte pour finalement exploser : c’est le début de « Shooting Blanks And Pills ». Ce sont les premières secondes d’« Hoarse From The Get Go ». Là, outre les influences déjà citées, on perçoit une petite touche de Stephen Bessac dans la voix. Mais en moins écorchée, en moins éraillée, la voix est plus ronde et plus grasse, comme sortant de cordes vocales noyées dans l’alcool. L’absinthe très certainement. Pour offrir encore plus de corps à sa musique, « COWARDS » opte pour un son sale, gras et imparfait. On entend la basse qui gronde plus que de raison, les guitares aux cordes qui ont traîné dans le caniveau, s’imprégnant de toute la crasse et la saleté parisienne. La batterie, elle, a un son mat et profond, parfois un peu distendu et assez naturel. Un son très live finalement, qui respire la vie mais qui reflète aussi certains défauts ou accidents inhérents à ce genre de production. Ici on entend les cymbales vibrer lorsque la basse gronde, les guitares sont parfois reléguées à l’arrière-plan derrière la basse comme c’est parfois le cas pour le sludge ou le doom. Tous ces instruments ne finissent plus par former qu’un seul, homogène et unique, symbole d’un groupe à l’unisson où personne ne tire la corde à soi. COWARDS c’est un peu un groupe de hardcore qui invoque Satan avec un son sludge. C’est haineux, dissonant, dépressif et lourd. Très lourd même. On pense bien sûr à Hangman’s Chair, Eibon ou au Kickback version Toxic H. Pour l’esprit pervers et belliqueux.
Une musique habitée qui fonctionne sous forme de shoots et de descentes. La montée d’adrénaline avec des titres brutaux et plus directs « Hoarse From The Get Go », « Arrogant Unseen », puis de lentes descentes abyssales « Scarce », « Grand Failure ». Enfin les deux-en-un, « Last Card » et « Vices&Hate ». Une diversité d’ambiances, de tempos et d’atmosphères prouvant que le groupe possède un arsenal varié capable de frapper fort dans la gueule et de balancer balayettes et prises de soumission vicelardes. Bien que de qualité relativement égale, comprendre : le disque est très bon de bout en bout, un titre à mon sens se dégage, « Scarce », qui par ses atmosphères lourdes évoque une traversée de Paris la nuit, dans le froid et la pluie. Une version hardcore sludge désespérée du « Retour de Gérard Lambert ». Un voyage au cours duquel on croise tout une faune interlope, des rebus de la société, une foule qui ne sort que la nuit, s’imbibe, erre dans les rues à la lumière nauséeuse pour oublier ou s’oublier, chercher misère au premier venu ou simplement en finir, couper le courant et tirer la chasse d’eau. COWARDS est le Travis Bickle parisien, celui qui arpente les rues où personne ne va, la nuit. C’est un titre lourd et lent porté par des samples (il m’a semblé reconnaître le Bad Lieutenant version Nic Cage mais je suis loin d'en mettre ma main à couper), une voix clamant une litanie glauque et des riffs au groove assassin tout droit sortis de La Nouvelle Orléans. Des riffs à s’en décrocher la tête. Tout est là, on pourrait presque se contenter de ce seul morceau. « Scarce » est le titre somme du groupe.
Mais les Parisiens sont capables de bien d’autres choses, comme de balancer un brûlot hardcore à la rythmique two-step rappelant « Arkangel Is Your Enemy », de partir en blasts supersoniques ou d’accoucher d’un titre lent et suicidaire qui met la misère à n’importe quel groupe de funeral doom. Le groupe distille malgré tout un romantisme presque poétique issu du XIXème siècle, ça peut paraître bizarre de le lire ou de l’écrire, mais quand on écoute l’album ça prend tout son sens. Pas un romantisme pour midinettes shootées à Twilight, mais le romantisme des losers, des fous, des ivrognes, des éclopés. Le romantisme rebelle, révolté et autodestructeur, celui qui montre toute la beauté de l’échec et de la mort, c’est ce romantisme-là, celui des origines qu’instrumentalise le groupe. La Cour des Miracles. Et toujours avec une sonorité et un sens de la composition très personnel. Bien sûr on pense à tout un tas de groupes, on reconnaît des influences précises et détaillées mais jamais celles-ci ne prennent le pas sur l’entité COWARDS. On n’est pas en présence d’un groupe monstre constitué de membres greffés les uns aux autres et qui aurait pris vie par un heureux hasard. On est en présence d’un vrai groupe qui, en un seul album, vient de se tailler une belle place sur la scène parisienne, on attend maintenant de voir ce qu’ils ont dans le bide sur scène. Il ne manque pas grand chose pour faire de cet album un indispensable du genre. Moi, je vais m’arrêter là, je vais m’engloutir une bouteille d’alcool, avaler tous les cachetons que je peux trouver et sortir dans les rues pour me tailler les veine et arrêter les frais sous le Pont Neuf. Au son de « Shooting Blanks And Pills ».
Chronique qui donne envie. Et après écoute des mp3, c'est typiquement le genre de hardcore bâtard que j'apprécie. Mais pourquoi pas de CD bordel ?
Apostrof IP:109.0.203.228 Invité
Posté le: 13/08/2012 à 14h45 - (103294)
Il serait sympa de mettre le véritable nom de l'album.... Pas bien Seb!!!!
Hellswrath IP:81.57.19.10 Invité
Posté le: 13/08/2012 à 15h25 - (103297)
On fait bientôt un tirage limité à 50ex. du CD, plus d'infos dès que j'en sais plus.
Skay Membre enregistré
Posté le: 13/08/2012 à 18h55 - (103300)
Ah voilà une bonne nouvelle !
Seeds Of Perversion Membre enregistré
Posté le: 14/08/2012 à 09h24 - (103303)
J'ai écouté via la possibilité de télécharger légalement sur le bandcamp de Throatruiner, et j'accroche vraiment pas à la voix... dommage parce que coté musique ca tenait vraiment la route.
Paris-ci le vinyle? IP:83.114.56.236 Invité
Posté le: 16/08/2012 à 23h53 - (103332)
Ouaou c'est très bon ça !
Chouette musique, qui me rappelle... toute proportion gardée... Nostromo... et un peu The Secret.
En tout cas je suis en train de prendre une keukla en règle.
Avec l'excitation d'une découverte qui hérisse le poil, et ça fait longtemps que ça ne m'a pas fait ça (des années?) à la première écoute.
Je ne suis pas membre du groupe ni même ami avec qui que ce soit dans le groupe.
J'espère qu'il y aura une sortie vinyle !!!
cowards Membre enregistré
Posté le: 17/08/2012 à 10h38 - (103338)
tu peux nous contacter sur le facebook du groupe, il existe bien une version vynile. On t'enverras le lien si tu veux le commander. Merci pour ton commentaire.
hemistes Membre enregistré
Posté le: 17/08/2012 à 19h43 - (103345)
Sympa si une version cd voit le jour
Seb On Fire Membre enregistré
Posté le: 19/08/2012 à 09h11 - (103353)
J'ai corrigé la titre du skeud. Désolé de l'erreur commise par le doux appel des vacances.
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Toutes ces influences se retrouvent et se ressentent dans leur musique. Un son urbain et crasseux, nauséeux, noir et écorché qui démarre par une mise sous tension prenant la forme d’une sonorité basse qui monte, qui monte pour finalement exploser : c’est le début de « Shooting Blanks And Pills ». Ce sont les premières secondes d’« Hoarse From The Get Go ». Là, outre les influences déjà citées, on perçoit une petite touche de Stephen Bessac dans la voix. Mais en moins écorchée, en moins éraillée, la voix est plus ronde et plus grasse, comme sortant de cordes vocales noyées dans l’alcool. L’absinthe très certainement. Pour offrir encore plus de corps à sa musique, « COWARDS » opte pour un son sale, gras et imparfait. On entend la basse qui gronde plus que de raison, les guitares aux cordes qui ont traîné dans le caniveau, s’imprégnant de toute la crasse et la saleté parisienne. La batterie, elle, a un son mat et profond, parfois un peu distendu et assez naturel. Un son très live finalement, qui respire la vie mais qui reflète aussi certains défauts ou accidents inhérents à ce genre de production. Ici on entend les cymbales vibrer lorsque la basse gronde, les guitares sont parfois reléguées à l’arrière-plan derrière la basse comme c’est parfois le cas pour le sludge ou le doom. Tous ces instruments ne finissent plus par former qu’un seul, homogène et unique, symbole d’un groupe à l’unisson où personne ne tire la corde à soi. COWARDS c’est un peu un groupe de hardcore qui invoque Satan avec un son sludge. C’est haineux, dissonant, dépressif et lourd. Très lourd même. On pense bien sûr à Hangman’s Chair, Eibon ou au Kickback version Toxic H. Pour l’esprit pervers et belliqueux.
Une musique habitée qui fonctionne sous forme de shoots et de descentes. La montée d’adrénaline avec des titres brutaux et plus directs « Hoarse From The Get Go », « Arrogant Unseen », puis de lentes descentes abyssales « Scarce », « Grand Failure ». Enfin les deux-en-un, « Last Card » et « Vices&Hate ». Une diversité d’ambiances, de tempos et d’atmosphères prouvant que le groupe possède un arsenal varié capable de frapper fort dans la gueule et de balancer balayettes et prises de soumission vicelardes. Bien que de qualité relativement égale, comprendre : le disque est très bon de bout en bout, un titre à mon sens se dégage, « Scarce », qui par ses atmosphères lourdes évoque une traversée de Paris la nuit, dans le froid et la pluie. Une version hardcore sludge désespérée du « Retour de Gérard Lambert ». Un voyage au cours duquel on croise tout une faune interlope, des rebus de la société, une foule qui ne sort que la nuit, s’imbibe, erre dans les rues à la lumière nauséeuse pour oublier ou s’oublier, chercher misère au premier venu ou simplement en finir, couper le courant et tirer la chasse d’eau. COWARDS est le Travis Bickle parisien, celui qui arpente les rues où personne ne va, la nuit. C’est un titre lourd et lent porté par des samples (il m’a semblé reconnaître le Bad Lieutenant version Nic Cage mais je suis loin d'en mettre ma main à couper), une voix clamant une litanie glauque et des riffs au groove assassin tout droit sortis de La Nouvelle Orléans. Des riffs à s’en décrocher la tête. Tout est là, on pourrait presque se contenter de ce seul morceau. « Scarce » est le titre somme du groupe.
Mais les Parisiens sont capables de bien d’autres choses, comme de balancer un brûlot hardcore à la rythmique two-step rappelant « Arkangel Is Your Enemy », de partir en blasts supersoniques ou d’accoucher d’un titre lent et suicidaire qui met la misère à n’importe quel groupe de funeral doom. Le groupe distille malgré tout un romantisme presque poétique issu du XIXème siècle, ça peut paraître bizarre de le lire ou de l’écrire, mais quand on écoute l’album ça prend tout son sens. Pas un romantisme pour midinettes shootées à Twilight, mais le romantisme des losers, des fous, des ivrognes, des éclopés. Le romantisme rebelle, révolté et autodestructeur, celui qui montre toute la beauté de l’échec et de la mort, c’est ce romantisme-là, celui des origines qu’instrumentalise le groupe. La Cour des Miracles. Et toujours avec une sonorité et un sens de la composition très personnel. Bien sûr on pense à tout un tas de groupes, on reconnaît des influences précises et détaillées mais jamais celles-ci ne prennent le pas sur l’entité COWARDS. On n’est pas en présence d’un groupe monstre constitué de membres greffés les uns aux autres et qui aurait pris vie par un heureux hasard. On est en présence d’un vrai groupe qui, en un seul album, vient de se tailler une belle place sur la scène parisienne, on attend maintenant de voir ce qu’ils ont dans le bide sur scène. Il ne manque pas grand chose pour faire de cet album un indispensable du genre. Moi, je vais m’arrêter là, je vais m’engloutir une bouteille d’alcool, avaler tous les cachetons que je peux trouver et sortir dans les rues pour me tailler les veine et arrêter les frais sous le Pont Neuf. Au son de « Shooting Blanks And Pills ».
Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 13873