Petit à petit, la marée amène son lot de nouvelles en provenance des fjords des héritiers de Windir. Alors que Sigtyr ou Mistur en sont encore au stade de la démo, Cor Scorpii propose son premier album chez le jeune label hollandais, Descent Productions, trois ans après sa démo "Attergangar" qui était déjà digne d'intérêt pour les amateurs de sognametal.

Si le batteur Jørn Holen a lâché l'affaire pour se recentrer sur Vreid, Cor Scorpii compte toujours dans ses rangs d'anciens Windir, en la personne de Gaute Refsnes (fondateur du projet) et Stian Bakketeig, respectivement clavier et guitare lead chez feu-Windir. Ole Nordsve, bretteur de Celebratum, est venu prendre la place aux fûts de Holen fin 2006. Puis à l'été dernier, le groupe est entré au Top Room Studios de Børge Finstad (Ava Inferi, Shining, Sturmgeist, Vintersorg, Winds) pour enregistrer son premier opus.

Bon, il est temps d'aborder le contenu proprement dit de la bestiole. Et il est clair que l'auditeur potentiel n'a en tête qu'une référence qu'il espère voir égalée. Soyons honnêtes, le compte n'y est pas. Oui, Cor Scorpii s'inscrit dans la droite lignée de Windir, en proposant un black ultra-mélodique où les leads prennent une énorme place. Oui, la majorité des huit compos est menée tambour battant, avec les cavalcades typiques du coin. Mais reprendre quelques éléments notables ne suffit pas et au bilan "Monument" ne porte pas si bien que ça son nom. L'album est partagé entre du bon et du franchement très moyen qui sonne remplissage.

Donc, vous trouverez bien des compos rapides, avec des parties de double où s'étalent des mélodies souvent accrocheuses. La seconde partie de "I, the Damned" est excellente, avec son thème mélancolique et sa rythmique en contretemps. Mais ce passage inventif est bien trop isolé sur l'ensemble de l'opus. Encore plus isolé quand on entend la fadeur de sa première partie mid tempo. Pourtant, en terme de mid tempo, l'interlude "Helvetesfossen" est assez réussi, avec sa mélodie à faire pleurer un caillou (et son synthé un peu chelou à la fin).

Pourtant encore, quand le groupe ose faire évoluer sa composition, le résultat n'est vraiment pas déplaisant. Les dix minutes de "Oske og Innsikt" comporte leur lot de variations rythmiques qui en font un des meilleurs titres de l'opus. Dommage que ce morceau soit suivi du cheveu sur la soupe "Kjettar" qui me fait débander direct tellement je le trouve moche. Et après l'arrêt brutal de "Bradger i Stein", difficile de ne pas avoir l'impression d'une grosse perte de temps et d'énergie. C'est d'autant plus rageant que j'espérais beaucoup en écoutant l'efficace "Ei Fane Svart" qui ouvre l'album (et que le groupe a judicieusement mis en écoute).

De minces espoirs en frustrations immédiatement derrière, Cor Scorpii propose 47 minutes décevantes. Bloqué sur quelques gimmicks, le groupe livre une partition "à la manière de" sans atteindre la richesse de sa référence. Là où Windir jouait sur des thèmes de guitare entremêlés et malmenait ses mesures et ses tempos, Cor Scorpii répète une recette mais s'avère relativement plat et sans surprise. Et les passages les plus excitants ne peuvent que frustrer encore plus l'auditeur le reste du temps.

Le sognametal doit-il se résigner à vivre dans l'ombre de Windir? Non, évidemment. Si les anciens membres du groupe semblent avoir les plus grandes difficultés à soutenir l'étendard, de jeunes loups montrent les crocs. C'est bien vers ceux-ci qu'il faudra probablement se tourner à l'avenir. Car ni Cor Scorpii, et encore moins Vreid, ne semblent sur la bonne voie.


Rédigé par : Prince de Lu | 10,5/20 | Nb de lectures : 10988