Gageons que de récents passages sur les planches françaises auront permis aux Portugais de Corpus Christii de glaner encore un peu plus d'une popularité qu'ils méritent. Le projet de Nocturnus Horrendus gravite depuis déjà bien longtemps dans la scène lusitanienne et sort régulièrement de bons albums depuis sa première offrande "Saeculum Domini" en 2001. "Rising" est le sixième opus du groupe et le premier pour le propre label de sieur Horrendus, baptisé Nightmare Productions (et effectivement quand on écoute le dernier Onirik, c'est le cauchemar assuré).

"Rising" vient clore la trilogie des Torment, initiée en 2003 avec "Tormented Belief" et poursuivie en 2005 avec "The Torment Continues". Corpus Christii livre treize titres encore entièrement dévolus au Malin, concept qui suit le groupe depuis ses débuts. Certains seront immédiatement tentés de rapprocher la bête de la scène black orthodox très en vogue et pourtant Corpus Christii s'en éloigne bien cette fois-ci. Si "The Torment Continues" avait été enregistré au Necromorbus Studio avec Tore Stjerna aux baguettes et aux boutons, ce "Rising" est un pur produit de l'autre bout du continent, le bout ravagé par les flammes tous les étés.

N.H. s'est encore chargé de l'ensemble des parties, sauf de la batterie qu'il a laissé à un dénommé Menthor (le superhéros qui sent bon dans sa bouche). Le résultat est dans la parfaite continuité du précédent opus, mêlant un chant incantatoire sur des blasts ravageurs avec des passages aux arpèges lentes et introspectives. Le mélange est savamment dosé, permettant à l'auditeur de voyager dans le monde blasphématoire et gentiment sauvage de la formation en ayant une impression de grande variété entre les compos. Mais à part peut-être la basse ronflante de "Torrents of Sorrow" et la partie atmo de "Heavenless Bliss", peu de parties parviennent à se mettre en exergue dans un album homogène où l'ennui ne pointe jamais, tout comme les grosses surprises. La rancœur contre la secte christique est sincère mais pas au point de sublimer l'œuvre et d'en faire le brûlot qu'on aurait pu espérer.

La production est cette fois beaucoup plus ronde que sur la galette précédente. Le côté chaleureux peut presque décontenancer, mais il permet une compréhension parfaite de tout ce qui se passe. Je n'aurais pas été contre un peu plus de rudesse dans un son qui manque par moments d'agressivité. Par contre, l'immersion dans les passages les plus atmosphériques est immédiate et c'est fort agréable. Pour la petite histoire, le personnage derrière cette production est Daniel Cardoso. Et si le nom ne vous dit rien, sachez qu'il n'est autre que Vukodlak, ex-membre de feu Sirius. Globalement, le bonhomme a donné un côté puissant à l'opus tout en restant très organique. Mais j'avoue ne pas savoir si cela me convient mieux ou non par rapport aux précédentes sorties.

Et en gros, c'est mon avis général sur l'ensemble de cette sortie. Je me retiens facilement de crier à la grosse sortie car je ne trouve pas le déclic génial que je recherche. Continuant dans l'esprit de la série des Torment, Corpus Christii offre un album efficace, bien foutu mais pourtant pas transcendant. Mais c'est du bon, je l'écoute avec plaisir et je n'en attendais finalement pas plus. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que l'intro aux chants angéliques colle bien à cette période de Noël. De là à se faire offrir cet album, il n'y a qu'un pas.




Rédigé par : Prince de Lu | 14,5/20 | Nb de lectures : 11690