Encore un groupe au patronyme animalier. Souvent, ceux-ci sont signes de qualité (Pelican, Tarantula Hawk, Red Sparowes, Wolves In The Throne Room,…) et CORBEAUX ne fait pas mentir la règle. D’entrée de jeu je balance que « Hit The Head » est un (très) bon disque, comme ça les choses sont claires dès le départ. Le volatile tape dans le post-rock musclé et sombre, aux portes parfois du post hardcore lorsqu’il bande les muscles très fort mais ne se jette jamais dans la lourdeur à tout crin, préférant rester fidèle à son passé rock. « Hit The Head » est un album instrumental maîtrisé de A à Z, un peu trop même, mais on ne va pas faire la fine bouche. Le Post-rock est un genre plus bouché et encombré que le RER A en heures de pointe et ce n’est pas évident de s’y faire une place mais CORBEAUX a tout ce qu’il faut pour se trouver un siège et toiser les autres utilisateurs debout, ballottés de stations en stations.

CORBEAUX vient du grand ouest de la France, là ou sévit la bande Sauvé qui produit ce disque, inutile d’ajouter que le son est top, tandis que le mastering a été confié à Magnus Lindberg, inutile de préciser là non plus que le boulot est impeccable. Malgré le côté instrumental qui peut en rebuter certains, l’album est varié et on ne s’ennuie jamais, les titres ont chacun leur particularité mais s’assemblent parfaitement dans le grand tout que forme l’album qui oscille entre colère et retenue. Musique à la fois opératique et brute, le post-rock de CORBEAUX se savoure en toute circonstance, seul au casque, dans le fracas de la ville, le soir, le matin, chaque circonstance d’écoute révélera l’un ou l’autre détail oublié. Les passages agressifs renforcent le côté doux et paisible de certaines parties de guitares comme sur « 7th Avenue » et ses nappes de guitares. La composition est riche et soignée mais manque d’une vraie prise de risque. Disons pour faire simple que certains excellents plans sont liés par d’autres séquences plus « bateau » servant avant tout à meubler les vides. C’est dommage parce que « La Bagarre » ou « Cran d’arrêt » séduisent par leur touche musclée ou bagarreuse tandis que « Where Is Dave » marque des points avec son côté ouvertement rock et ses mélodies de guitares. CORBEAUX doit insister sur les temps forts et savoir rester efficace lors des temps faibles qui arrivent inévitablement dans le post-rock.

La force de ce disque est la précision du son et de l’interprétation. Chaque instrument sonne parfaitement, avec une mention spéciale pour la basse qui gronde et roule pour apporter beaucoup de profondeur au son global. Les guitares oscillent entre rondeur et délicatesse, entre nappes cristallines et gros riffs de plomb. Rien de neuf dans le style mais du travail très bien exécuté. Le dernier titre résume bien toute l’affaire, un morceau de huit minutes qui réserve quelque petites surprises (quel twist !!) et vient tirer le rideau de fort belle manière. Les CORBEAUX sont rusés, ils savent que c’est important de terminer sur une bonne note histoire de marquer le coup. Ben c’est réussi. « Hit The Head » est un bon album de post-rock, varié et alléchant mais qui, parfois, tombe dans la facilité pendant les phases de transition. En fait CORBEAUX est une équipe qui ne jure que par la possession de balle.




Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 9516