Contradiction est un groupe allemand de thrash encore assez peu connu en France qui en est, tout de même, à son cinquième album studio et dont la principale particularité est d’être sensiblement moins old school et moins influencé par Testament que la plupart des autres groupes de thrash signés chez Armageddon Music (Reckless Tide, Delirious).
S’écartant plus que leurs confrères de Spellbound de la scène allemande, ce groupe n’hésite pas à mélanger toutes les écoles en privilégiant sur certains titres les sonorités suédoises modernes (notamment au niveau du chant) à la brutalité primale caractéristique du thrash allemand mais malheureusement, comme tous les groupes qui cherchent à faire du « powerful melodic thrash metal » (sic !), la musique de Contradiction part souvent dans plusieurs directions différentes sans que l’on arrive pleinement à discerner une réelle identité propre et authentique.
Les titres qui avoinent sec (voir l'excellente l'intro du premier titre Your God qui peut être perçue comme une sorte d'hommage à Slayer) côtoient donc des passages plus calmes et posés portés principalement par une guitare mélodique à souhait. Le hurleur de service n’économise pas sa peine et s’époumone comme un chien fou sans toutefois arriver à transcender les compos du groupe, la faute peut-être à un mix douteux et un son qui manque quelque peu de clarté (peut-être est-ce voulu mais cette « caution old school » dessert le groupe plus qu’autre chose). Enfin, il faut quand même reconnaître de toute façon que le chant hurlé de l'ami Lux est dans l'ensemble assez linéaire et monocorde.
La fin de l’album est en revanche assez poussive puisque nos amis allemands nous gratifient d’un petit trip à la Renewal (Peacemaker et Godsend) plutôt surprenant (et pour tout dire assez peu concluant) ainsi que d’une reprise de Motörhead « Rock’N’Roll » aussi peu originale que dispensable. Choisir un tel titre de Motörhead, père spirituel du thrash s’il en est, et l’exécuter de la sorte constitue certainement un bon délire entre potes mais un délire dont l’intérêt artistique est plus que discutable.
Bref, ce Warchitect est un album pas foncièrement mauvais mais plutôt quelconque d’un groupe qui l’est tout autant. On passe un bon moment à l’écouter mais on l’oublie assez vite. Quelques titres valent évidemment le coup d’œil (ou d’oreille en l’occurrence), on pense aux trois premiers morceaux qui poutrent sévère ou au très explicite Thrash Metal qui ne devrait pas laisser vos cervicales indifférentes mais on aura tout de même du mal à en conseiller l’achat si ce n’est peut-être aux thrasheurs atteints de collectionite aiguë. On trouve sans peine mieux dans la scène thrash actuelle, ne serait-ce qu’au sein de l’écurie Armageddon Music.


Rédigé par : BigHenry | 11/20 | Nb de lectures : 11998