Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Espagnols de CONTINUO RENACER ont pris leur temps pour nous délivrer ce premier disque puisque c’est à 1994 que remontent les balbutiements du groupe. Et ce n’est pas une si mauvaise chose en soit puisque cette formation, qui se destinait à suivre les traces d’un brutal death à la CRYPTOPSY, nous arrive aujourd’hui avec un style de prédilection radicalement différent de ses aspirations d’antan.

Bien que le trio ibère occulte soigneusement tous noms de ses influences actuelles, il est plus que probable qu’il n’ait été traumatisé par une exposition (trop ?) prolongée au « Focus » de CYNIC. En effet, avec cet album éponyme, nous sommes en présence d’un authentique album de techno-death progressif mettant en scène tout les archétypes du genre, à ceci près que les influences jazzy sont ici nettement plus marquées qu’elles ne l’étaient pour CYNIC.

Avec ce disque, CONTINUO RENACER se complaît dans un exercice de style dans sa forme la plus anti-commerciale : un album entièrement instrumental où la voix humaine ne vient pas entacher la pureté cristalline d’instruments magnifiés par leurs utilisateurs. La trame des morceaux se veut, bien entendu, complexe, fouillée sans sombrer pour autant dans un maelström rebutant. La musique de CONTINUO RENACER se veut également variée et virevolte avec fluidité d’incartades rapides, à des plages quasi-atmosphériques en passant par des plans jazzy suffisamment spontanés pour donner une impression d’improvisation. Quelques guitares synthétisées, comme les affectionnaient CYNIC, et de brefs incartades de synthés très seventies viennent se promener ici et là sur l’album, contribuant ainsi à son enrichissement.

La production est tout simplement miraculeuse de pureté. Une osmose, un équilibre parfait entre les instruments est appliqué dans un mixage sans faille. Facile lorsqu’on compte parmi les membres de son groupe un ingénieur du son, par ailleurs propriétaire de son propre studio d’enregistrement. La basse claque comme rarement, le batteur dévoile ses prouesses sans céder de sa place aux autres zicos et le gratteux s’inscrit dans la catégorie des purs génies.

Il va sans dire que beaucoup verront dans ce disque, une œuvre onaniste, un hymne au plaisir solitaire infligé par des musiciens arrogants de technicité et ils auront partiellement raison. CONTINUO RENACER signe avec ce premier album une véritable déclaration d’amour à la musique et plus précisément au métal progressif. Ce disque n’est pas destiné au plus grand nombre et je pense qu’il trouvera sa place, plus vraisemblablement, dans la discographie des musiciens ou chez les amoureux de techno-death. C’est peut-être aussi bien comme ça après tout.

Magique…


Rédigé par : Tonton | 17/20 | Nb de lectures : 12516