Beauté. Ethérée. Finlandaise.
J’aime ce cocon, celui qui m’enveloppe à chaque écoute de cet opus. Consciousness Removal Project offre une magnifique pièce instrumentale, empreinte de nostalgie, même si ce sentiment est propre à chacun. La douceur dégagée aide à farfouiller dans les sentiments enfouis, ceux qui ne ressurgissent pas forcément lorsque l’on s’y attend. Tacit me ramène 15 ans en arrière, précisément lorsque j’arborais en hiver le soir les rues de ma chère ville de Nancy, enrobé par ce froid saisissant et les flocons flottant m’entourant. Ce groupe va chercher dans les méandres de tes souvenirs –comme beaucoup de sonorités vaporeuses- et offre une musique instrumentale délicate.

Comme tout Finlandais, Antti Loponen propose un art sombre. Me passer ces 8 titres en boucle me donne le bourdon, surtout en cette période de grisaille et de froideur amenant la coutumière autarcie hivernale. Il suffit parfois de sonorités raffinées façonnées par un maître à jouer à fleur de peau pour te prendre aux tripes. Le multi-instrumentiste de Consciousness Removal Project est de ceux-là.

Le saxo dès les premières secondes est envoutant. Le violon et le piano un peu plus loin interpellent. La basse ronde et très présente n’a pas seulement un rôle symbolique puisqu’elle est le support d’Antti pour créer cet univers. La guitare, et son riffing léger, ne sort pas du lot, mais se fond dans l’univers rêveur. Le synthé donnant par la suite davantage cet aspect cotonneux, est utilisé à bon escient. Il donne une dimension presque irréelle à cette galette, puisque tacit, même si elle est découpée en 8 titres, ne forme qu’un seul et unique ensemble.

Antti s’occupe de presque tout : la plupart des instruments, enregistrement, production et design. Force est de constater qu’il maîtrise son sujet, la production étant limpide, chaque instrument est à sa place avec une grande clarté. Cette jolie prod’ permet à la musique de prendre ses aises, et de rendre grâce à ce superbe sens de la mélodie, couplé à ces arrangements prenants et cette exécution organique. Le tout additionné donne un album riche, davantage atmosphérique que symphonique, au flow propice à l’absence de conscience. La dernière piste The Unknown Know de plus de 10 minutes excelle en développant une ambiance morose, lourde tout de même, mettant presque mal-à-aise. Elle est parfaitement significative de l’album même si Antti s’autorise une minute de chant postcore sur ce titre pour clôturer l’album, ce qui surprend son monde. Cela donnerait presque envie de le voir persévérer dans cette voie.

Mon seul et unique souci cependant est ce léger manque de variation durant l’album, ou une trop grande homogénéité -au choix- puisque tout sort du même moule, de la même dynamique et je ne sais jamais vraiment où j’en suis dans l’écoute. Cependant, si tous les albums avaient ce genre de désagrément, le monde de la musique ne s’en porterait que mieux.

Un vrai feeling, une maîtrise totale de son sujet, de vraies et belles émotions véhiculées pour cet opus Metal mais naviguant clairement sur d’autres territoires. Projet inconnu au bataillon (à mon bataillon tout du moins) car peu mis en avant, j’espère que notre multi-instrumentiste saura sortir de l’ombre et que les amoureux de sonorités sludge atmosphérique (même si cette appellation ne veut pas dire grand-chose), post-rock et ambient sauront faire preuve de curiosité.

Et vous, que vous évoque-t-il ?


Rédigé par : Bras Cassé | 15,75/20 | Nb de lectures : 13706