Ah, du danger des étiquettes inutiles, y'a des fois où certains feraient mieux de rien mettre... J'ai rien contre les étiquettes hein, j'en suis même un farouche partisan, mais s'autoestampiller "hardcore varié", euh, ouais, c'est pas hyper parlant les gars... La prochaine fois n'hésitez pas à mettre "hardcore varié ET à guitares", ça nous aiguillera peut-être un peu plus. Bref, j'arrête de casse-burniser pour rien, car ce premier album pour les Bordelais de Conniving Silence est une belle surprise, après avoir sorti 257 EP depuis 2002 et subi les traditionnelles affres des changements de line up.

Première écoute, impression plus que positive. M'étant fait souffler la gueule il y a quelques années par le "Imprint" de Vision Of Disorder, j'y ai retrouvé une hargne et une agressivité "pan dans ta gueule" peu commune dans le hardcore métallisé d'alors. Un parallèle qui ne pourra être que renforcé par les hurlements à décorner les boeufs de Mike (l'enchaînement chant clair/hurlé sur "Dust That Shines", ouille!), tu parierais ta bagnole que t'as le monstrueux Tim Williams en face de toi, le Tim Williams de la bonne époque hein, avant qu'il se taille faire de la merde dans Bloodsimple. Même timbre de voix, même dans les parties de chant plus claires, et pas trop mal maîtrisées avec ça, un des très gros points forts de la galette.

Après niveau compos les gaziers ont choisi la tactique "dispersion", 15000 riffs par titre, cassures et recassures rythmiques, blasts, pas le temps de se reposer. Enfin si, y'a quelques accalmies çà et là, histoire d'aller s'éponger le front et souffler un peu entre deux tsunamis de plans destructurés. On oscillera donc entre un hardcore métallisé très rentre-dedans à la VOD era "Imprint" vous l'aurez compris et le hardcore chaotique d'un Botch, voire des déflagrations intenses à la Nostromo.

A part ça, le chapitre des défauts sera relativement mince. La pochette d'abord, qui a dû être réalisée en deux heures sous photoshop, mais bon, je suppose que ce temps gagné aura été utilisé à peaufiner les compos... Et puis aussi les quelques passages fusion 90's youpi funky qui traînent, datés et qui collent pas très bien au reste de la galette. La production est pas démesurée mais est totalement adaptée au style, légèrement brouillonne mais suffisament anguleuse pour faire ressortir le groove hargneux de la galette.

Bref une bien belle surprise que ce premier album, qui, s'il peut se résumer à un Vision Of Disorder désordonné, ne pâtit pas pour autant de la comparaison, étant donné que les groupes évoluant dans ce créneau ne sont pas légion. Et faut croire qu'ils sont pétés de thunes, tels les bourgeois de Radiohead ou Nine Inch Nails, puisqu'ils mettent les neuf titres de l'album en libre téléchargement... Mais si vous vous sentez d'humeur philanthrope, n'hésitez pas à commander cet album pour la somme astronomique de 6 euros port compris (!), passer à côté de cet album serait un vrai crime de lèse-majesté pour toute groupie des défunts-mais-qui-ont-de-bonnes-chances-de-revenir-bientôt New Yorkais. D'ailleurs m'est avis que le seul et unique straight-edge breton (indice: son pseudo commence par "Vision Of") devrait lever bien haut son verre de jus d'orange à l'écoute de cette galette!


Rédigé par : Crown_Me | 14.5/20 | Nb de lectures : 10530