Imaginez un employé en bâtiment nommé Pedro-Manuel Pereira Da Silva Gonçalves De Oliveira Soares en train de se lisser les poils du torse sous son maillot floqué Cristiano Ronaldo, tout en sirotant du Porto avec la radio allumée sur un air de Fado, attendant d’aller à la messe. Vous avez l’image en tête ? Eh bien oubliez-là tout de suite, car j’évacue illico tous les clichés inhérents aux Portugais vu qu’on a ici affaire à un groupe portugais, et qu’on va plutôt parler musique que calembours.

CONCEALMENT est un groupe originaire de Sintra formé en 1994. Après deux démos et un line-up stabilisé en trio, le groupe sort son premier EP en 2005 (Of Malady) suivi d’un premier album en 2007 (Leak, qui a dû logiquement se retrouver sur le net donc). Voici donc que débarque leur second album intitulé Phenakism. Côté style, CONCEALMENT pratique du Death Metal Technique. Une étiquette très fourre-tout qui demande quelques précisions : décrit comme proche de COPROFAGO et du Jazz, le trio portugais semble plutôt capitaliser sur l’héritage d’un groupe comme PESTILENCE, avec quelques relents plus torturés et sombres à la GORGUTS ou MESHUGGAH, tout en s’approchant de groupes modernes comme TEXTURES.

S’inspirer de ces noms renommés du Death-Metal aventureux n’est pas une mince affaire et c’est là que le bât blesse. Phenakism s’avère être un album plutôt bateau, pas franchement impressionnant (l’étiquette « Techno-Death » s’appliquant plutôt aux structures et aux sonorités jazzy, la basse y compris, qu’aux compos loin d’être renversantes) et sonnant déjà-entendu, trop influencé. Seules quelques petites incursions d’éléments originaux, comme l’orgue Hammond sur "Stridulation", le saxophone sur "Deluge" et le chant clair sur "Orifice", confèrent à CONCEALMENT un côté plus décalé fort appréciable, mais très discret. A part ça, il n’y a pas grand-chose à signaler, seuls quelques breaks plus sombres et passages plus lourds retiennent l’attention, mais on est bien loin des ambiances torturées développées par GORGUTS ou MESHUGGAH (l’aspect polyrythmique de la musique de CONCEALMENT étant exploité au strict minimum), au sein d’un album bien trop linéaire. Le chant est très proche de celui de Patrick Mameli, pour le meilleur et pour le pire (c’est-à-dire souvent insupportable mais les habitués n’auront rien à craindre), et la production faite maison est correcte mais manque de puissance, même si le style n’est pas habitué au gros son qui dégueule des enceintes.

Bon après tout, CONCEALMENT maîtrise son sujet et Phenakism demeure un album correct, loin d’être catastrophique ou tout simplement mauvais. Mais des illustres noms sont passés par le style Techno-Death avant eux, et le trio portugais arrive un peu après la guerre, en n’apportant pas grand-chose de neuf. En creusant plus son côté « moderne » à la TEXTURES entraperçu sur "Orifice", CONCEALMENT pourrait délivrer un bon compromis entre tradition et modernité, surtout que le groupe se revendique comme étant avant-gardiste. Les déçus du dernier PESTILENCE peuvent jeter une oreille discrète à Phenakism, sinon cet opus est globalement peu convaincant et assez ennuyeux, bien que les maç… euh, les musiciens savent quoi faire de leur briques et de leur cim… euh, de leurs instruments à cordes et de leur batterie. Pardon ! J’avais promis.


Rédigé par : ZeSnake | 11/20 | Nb de lectures : 12020