Mike Rosswog est un tueur, un vrai. De ceux qui font pas de sentiments, le coeur gelé comme une bûche Viennetta. De ceux qui mitraillent tout ce qui bouge sans faire d'états d'âme. Car si vous avez croisé le batteur de Complete Failure en live, que ce soit avec son groupe ou avec Today Is The Day cet été, vous savez que le gars fait preuve d'un sang froid assez troublant. Du genre à coucher des tartines de blasts avec une facilité indécente, regard dans le vague, uniquement entrecoupé par quelques nonchalantes oeillades à droite à gauche. Déconcertant.

Mais bon, vous faites pas de bile, ses comparses au sein de Complete Failure se sentent un peu plus concernés par ce qu'ils jouent. Preuve en est, ce "Perversions Of Guilt", soit 11 titres de grind ultra pissed off sortis chez Supernova. Dont le Boss n'est autre que Steve Austin, la cocotte-minute à la tête de Today Is The Day. Et pas étonnant qu'il les ait signés, puisque Complete Failure a bien plus à partager avec eux qu'un cogneur le temps d'une tournée et d'un album ("Kiss The Pig" en l'occurence). Les dégobillages hardcore haineux de chez haineux noyés dans un océan de disto, les riffs pernicieux enfilés à toute berzingue, ça vous dit rien ? En plus, c'est aussi papa Austin qui a chapeauté la production, et, comme souvent avec lui, elle rebute d'entrée de jeu. Extrêmement sèche, extrêmement étouffée, ignoble comme si les efforts du groupe avaient été capturés par un micro Playskool . As usual quoi. Du coup, on se sent obligé d'augmenter le volume de quelques décibels histoire d'essayer de piger quelque chose (serait-ce le but de la manoeuvre ?), et là c'est salade de dents obligatoire.

Pour étayer mes propos, je ne peux que conseiller le dantesque "Bipolar Fatigue Hallucination" en ouverture de l'album, puisqu'aux râles du hurleur à la limite de la crise de nerfs succède un déluge de blasts façon "suicide au milieu de la voie ferrée". Ah, j'avais oublié de le préciser, le Ben Affleck de la batterie a aussi le "Human Harvest" de Circle Of Dead Children sur son CV. Oui, ça aide. Et c'est parti comme ça pendant 35 minutes, les guitares dégageant à peu près le même effet que le passage d'un escadron de Rafale en rase-mottes. Cette AVALANCHE de vénèritude grind/death ultra-compacte n'est pas sans rappeler Kill The Client, mais les gaziers savent aussi calmer le jeu (et heureusement!), le temps de quelques plans allant déshonorer la dépouille d'un Cursed. Et de ces grindo-noiso-crusteries, se dégage une intensité et une énergie assez soufflante, due au fait que les gaziers défèquent allègrement sur la notion de demi-mesure. Agression to-tale. Complete Failure, c'est de la méchanceté en barre, c'est ceux qui se réjouissent de ton malheur, c'est les connards qui balancent tes chaussures dans le port de Lorient pour t'apprendre à ne plus t'endormir bourré sur la rive. Maintenant t'es prévenu.

Et même si la formule peut sembler répétitive et/ou pas franchement révolutionnaire, les mecs ont tellement pas l'air d'être là pour la gaudriole que t'oseras pas bâiller ou songer à regarder tes pieds ne serait-ce qu'une seconde. Faut pas oublier qu'ils ont l'air UN PEU tendus... Bref, tu l'auras pigé, "Perversions Of Guilt", c'est pas l'album de l'année, mais comme la clope, il possède ce double-effet placebo, stimulant quand on en a besoin, ou bien apaisant après une dure journée de labeur. Et pour les non-fumeurs, Complete Failure, ça fera quand même plus couillu qu'une tisane.


Rédigé par : Crown_Me | 16/20 | Nb de lectures : 10485