De là où son enveloppe corporelle réside désormais loin de toutes tentations humaines ou métalliques – quelque part entre l’étoile de l'Alpha du Centaure et, euh, Levallois-Perret –notre bon vieux Tonton qui doit se marrer. Lui qui à l’encontre de COMO MUERTOS s’était fendu d’un pourtant dans son cas rare « Buy or Die ! » à la sortie de leur première démo fin 2007 puis d’un « nouvelle tuerie sans faute » à l’encontre de l’EP 2008 - je crois aussi me souvenir d’un « tu fais chier avec ton disque de DERANGED mais je crois que ça c’était lorsque nous étions en route pour le ARNHEM METAL MEETING… Bref… Lorsque le chien aboie, la caravane passe. Et lorsque Tonton dit qu’on tient là l’un des meilleurs groupes de death-metal français de ces dernières années, on prend son seau rouillé où l’on recueille habituellement les tripes chaudes des vierges effarouchées que l’on étripe pour le fun le samedi soir et on écoute sagement. Puis on le remplit très vite d’un liquide chaud, bave aux lèvres…

S’il y a une légère déception au programme, c’est que cet album regroupe le réenregistrement de l’intégralité de ces deux démos précédentes, agrémenté de deux nouveaux titres. Ceci étant dit, vu le côté volontairement confidentiel de ces enregistrements (réservés à la presse et aux labels) c’est somme toute une peccadille, tant leur qualité seule faisait qu’ils méritaient d’être entendu par le plus grand nombre. Et puis surtout, bien que les originaux profitaient déjà d’un son d’assez maousse, le fait de les avoir tous réenregistré au Drudenhaus studio de Neb Xort d’ANOREXIA NERVOSA et d'en avoir profité pour faire un peu le ménage dans les nombreux samples de films d’horreur qui les peuplaient pour n'en garder que la substantifique moelle et de profiter cette fois-ci derrière les fûts de Mike de KRONOS permettent à ces nouvelles montures de tout écraser sur leur passage. Car même si la liste de ces influences (le death-metal old-school en général et BOLT THROWER et IMPETIGO en particulier) et son univers semblaient le prédestiner à finir chez un label style RAZORBACK entre deux skeuds de Rogga ‘fuck le sommeil’ Johansson de PAGANIZER, on découvre tout le long de ces douze titres que COMO MUERTOS est bien plus que cela. Surtout que des solos bien rock n’roll (« Salidos De Tierra ») ou un début de mélodie quasi-planante (« Pesilla Divine ») s’invitent de façon insidieuse. Et non seulement ils rajoutent une sacrée épaisseur à l’ensemble et lui permettent de se démarquer des 7869 autres groupes d’old-school qui se contentent actuellement de recracher sans réfléchir ce que faisaient leurs aînés (en mieux) mais en plus, ils n'ont tous qu'un seul but réel : en rajouter dans l’innommable. Quant aux deux morceaux, ils jouent carrément la surenchère en terme de brutalité (argh, je dis argh les blasts de « Irreversible Suplicio ») et s’offrent même le luxe de moderniser un chouia (j’ai dit un chouia les enfants) dans le bon sens du terme l’approche d’un groupe qui prouve ainsi qu'il n'est pas que bloqué dans la première moitié des 90’s.

Et puis merde, ce qui frappe toujours autant chez COMO MUERTOS, au-delà de ce choix déjà largement accepté de s’exprimer en espagnol (et qui colle parfaitement), c’est cette façon d’offrir un habillage complet. Ici, la visite de l’abattoir n'est pas que musicale, elle est aussi visuelle (l’artwork, les visuels sanguinolents sur scène, les t-shirts etc.). ‘Cronica del Dolor’ est donc un produit cohérent de A à Z. D’ailleurs, même si le fait de voir le groupe en être réduit à faire encore appel à l’auto-production après deux faux-départs (les propositions peu sérieuses d’un label étranger puis le plantage de dernière minute d’un autre, français celui-là) pourrait en scandaliser quelques-uns, mis à part les problèmes de distribution que cela pose éventuellement, vu l’excellence de l’ensemble, on se dit peut-être que leur plus grande victoire est d’avoir su justement accoucher d’un truc aussi pro et énorme dans un pur DIY style. Une chose est sûre : ce sacré bouc de Tonton avait une nouvelle fois vu juste, COMO MUERTOS c’est de la bomba baby !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 17/20 | Nb de lectures : 14113