Depuis le temps que j’écoute du métal, j’ai vu des artworks moches ou simplement horribles. Des cadavres à la DLC outrageusement dépassée aux fresques semblant barbouillées par des classes de maternelles, en passant par l’échantillonnage des déviances sexuelles les plus extrêmes, rien ne m’avait été épargné. Pourtant, mes yeux ont subi une véritable agression alors qu’ils se posaient pour la première fois sur cet ultime album des COMBAT WOUNDED VETERAN, une véritable injure pour la vue. C’est bien simple, je n’avais pas vu autant de rose depuis le Noël dernier alors que les boîtes de poupées Barbie éventrées (les boîtes pas les poupées, bande de crétins) jonchaient le sol de mon salon reconverti en convention Mattel. Et figurez-vous que lorsqu’on ouvre le livret de « This is not an Erect… » c’est encore pire et encore plus rose… (argh, mes yeux…)

Je ne connaissais pas les CWV avant de les découvrir sur ce disque posthume, puisque le groupe n’existe plus depuis 2003, ne laissant derrière lui qu’un seul et unique album « I know a girl who develops crime scene photos », des EP et une paire de splits. Sorti initialement sous la forme d’un box-set regroupant deux vinyls, Skullduggery Services a cru de son devoir de rééditer ce recueil d’EP, de splits, de titres de compilations, de même que quelques inédits, sur une seule et même galette de quarante-deux titres brassés en l’espace d’une grosse demi-heure.

Hé oui, CWV pratique un grindcore bien corrosif tel que le pratiquait jadis les précurseurs du genre. Si certains leur allouent l’influence de formations telles THE BLOOD BROTHERS ou les LOCUST (c’est ma foi fort possible) en ce qui me concerne, c’est un peu plus loin que je situerais les sources du groupe et plus précisément du côté de la première vague grindcore dans les années 86/87. Tout comme les premiers groupes anglais du genre, CWV a plus d’affinités avec le punk ou le HxC qu’avec le métal.
Les titres, assenés comme autant de décharges d’adrénaline, sont aussi fulgurants que pouvaient l’être ceux des premiers NAPALM DEATH, SIEGE ou EXTREME NOISE TERROR. Avec un son très crust, des instruments aussi saturés et un style aussi étrangement varié que minimaliste on peut dire que CWV ne fait pas vraiment dans la finesse mais plutôt dans un défrichement auditif aussi bucolique qu’un pique-nique dans un champ de mines. On pourrait croire que c’est le grand n’importe quoi du côté des zicos mais l’ensemble reste très cohérent.
Quant au chant, partagé entre plusieurs protagonistes, il se résume à un étalage d’onomatopées indéchiffrables aboyées avec véhémence. Cependant, l’interprète principal dispose d’un timbre nasillard intéressant car très proche de celui du regretté Tottsuan, chanteur mythique des nippons de SxOxB (voir UNITED FORCES).

Pas besoin de m’étaler davantage pour confirmer mon adhésion à la démarche musicale de ce défunt groupe. Les anciens membres devaient se réunir pour un concert exceptionnel en octobre lors d’un festival. Espérons que ces retrouvailles leur auront donné envie de reprendre la carrière du groupe là où elle s’était arrêtée.

Bon, maintenant je n’ai plus qu’à choper le premier (et unique) album pour que la fête soit complète…


Rédigé par : Tonton | compilation/ | Nb de lectures : 13878