Si j'ai bien compris ce groupe américain évoluait encore tout récemment sous le patronyme édifiant de Merde. J'ignore quelle bonne âme leur a judicieusement soufflé à l'oreille qu'ils couraient à l'échec sur le marché francophone, mais je trouve en général dommage qu'un groupe renie son nom d'origine, surtout lorsque celui-ci colle aussi bien aux basques de la musique proposée. Rien que la tragique faute de goût qui fait office de couverture donne le la, avec son guerrier celte surgissant au grand galop d'une sorte de faille spatio-temporelle (simple hypothèse) dans un ciel aux tons psychédéliques qui feraient fureur sur un bon vieux van à fleurs beatnik. Soyons clairs, cet album est une rareté dans le paysage metal. Autant les musiciens eux-mêmes me paraissent techniquement aptes au service, autant ce qu'ils jouent - une sorte de crossover insaisissable - est outrageusement médiocre.

En se forçant on décèle un hybride mutant de hardcore, de hard rock, de black et de death metal, mêlé à un esprit "roots" décontracté qui tend souvent vers le stoner rock groovy et bien lourd cher à nos amis bikers, le tout produit de façon excessivement crade. Certaines parties sonnent comme une version turbo de Korn ou d'un truc du genre, d'autres évoquent péniblement un Neurosis qui aurait sniffé de l'ammoniaque, mais au-delà de ces rapprochements hasardeux Coma Void errent sans style à des lieues de tout courant qui pourraient les ramener sur de bons rails. Si bien que lorsque leur petit volcan entre en éruption, plus rien ne cadre. Le batteur s'emballe sans regarder où il va, les guitares - au son de brosses à récurer les casseroles - oublient tout sens de la mélodie dans leurs vaines tentatives pour suivre la mesure, et le vocaliste balance ses insupportables éructations en complet décalage avec ses petits camarades, ne faisant qu'ajouter au chaos ambiant. L'impression qui domine est celle d'assister sans fin à des jam-sessions débridées mises bout à bout, ce qui a vite fait de susciter l'envie d'aller voir ailleurs, d'autant plus que les rares fragments de morceaux qui sont soumis à un semblant d'ordre n'émergent jamais du marais de l'insipidité absolue.

Pour couronner le tout Coma Void goinfrent leurs "compos" de soli stériles et de samples de bruits de la nature avec pour conséquence que l'album en devient (beaucoup) trop long et encore plus confus. Comme on veut quand même comprendre les motivations du groupe, on cherche refuge dans les paroles. Peine perdue, le concept est totalement opaque et offre un panachage déconcertant d'inepties pseudo-mystiques et de lyrisme gratuit. Une bonne psychanalyse se révélerait peut-être passionnante, même si je crois surtout que celui qui a commis les textes souffre du syndrôme Dimmu Borgir, à savoir "j'écris n'importe quoi, pourvu que ça ait l'air bien compliqué et que je passe pour un poète visionnaire". L'édito du livret fait vaguement allusion à la beauté des runes et aux "symboles saints de la myhtologie nordique" (cherchez l'erreur...), ce qui, pas besoin de faire un dessin, est en adéquation zéro avec la bouillie sonore qui fait de "Stormking Twilight" un album d'une redoutable indigence.

Fidèle à ses racines malgré tout, le trio nous a donc pondu un bien bel étron qui restera dans les an(n)ales,
mes respects messieurs !




Rédigé par : Uriel | 2/10 | Nb de lectures : 6833