Pfioooo, j’aurai pris le temps de bien l’écouter avant de le chroniquer celui-là, afin d’éviter les jugements à l’emporte-pièce et de voir ce qu’il en est sur la durée. Après un EP, ‘Icegrillz’ lui ayant valu une hype quasi-mondiale immédiatement il y a déjà 2 ans, COLD WORLD nous délivre ici son premier véritable album, distribué par le label de Jacob Bannon et avec Billy Grazadei aux manettes, excusez du peu! Beaucoup seront d’accord avec moi pour affirmer qu’il était attendu, celui-là !

Pour ceux qui ont une bonne douzaine de trains de retard, COLD WORLD sévit maintenant à Philadelphie depuis 4 ans, et contribue à sa manière à ce qu’on peut appeler le revival du crossover thrash-hardcore initié par Leeway ou Cro-Mags que l’on peut constater actuellement avec des formations comme Bitter End, Meltdown ou Bracewar. Mais plutôt que de proposer une bête resucée des riffs et des plans stéréotypés de l’époque, les 4 lascars agrémentent leur musique d’influences diverses et variées. ‘Dedicated blablabla’ (meilleur nom d’album de l’année, pour l’instant !) en est la parfaite illustration, comme vous allez vous en apercevoir.

Comment faire pour résumer un tel album? COLD WORLD, c’est un peu Ice-T, Peter Steele, Keith Caputo, Red Rat et Scott Ian réunis pour jouer du Biohazard. Ces cinglés zappent d’un passage purement hip-hop à une espèce de goth-batcave crado à souhait au sein du même morceau, en étant passés par une mosh-part, un refrain et deux breaks. Amateurs d’albums monolithiques, cohérents et massifs, vous êtes prévenus! Nul besoin d’être un Philippe Manœuvre du hardcore et adepte de la branlette intellecto-bobo pour affirmer sans risque: il y a à boire, à manger, à chier et à gerber sur cette galette! Tout le monde sera servi, sauf madame, peut-être, faut pas exagérer, ils ont pas poussé le vice jusqu’à jouer de l’emo! Et comme vous vous en doutez, ce trait peut constituer tant une qualité qu’un gros défaut pour un album de musique extrême. Les zikos s’en donnent à cœur joie, se moquent des étiquettes et des bannières et s’éclatent, le vocaliste et son acolyte batteur singent malicieusement Keith Caputo ici ou James Hetfield là, nous démontrant un sacré sens de l’humour, bref, sur tous ces points, on est d’accord. Mais qu’il est dur de s’emballer pour des compos sans queue ni tête, didiou!

Quand le groupe trouve une intensité ou propose une atmosphère intéressante, il ruine tout pour intercaler des samples de hip-hop pourraves ou achever le morceau de manière frustrante dans un faux rythme rébarbatif. Certains crieront au génie quand d’autres exploseront de rire, et chacun aura raison. De mon point de vue, le morceau ‘Time To Break Down’ qui fut longtemps proposé sur leur page Myspace m’avait tellement fait bander que j’attendais monts et merveilles de cet opus, et après deux longs mois d’écoute, je ne peux qu’admettre être déçu. Autant le délire raggamuffin sur ‘Whagwan’ comme le passage Sisters Of Mercy sur ‘Boom Bye’ voire les riffs parodiant Metallica sont marrants dans un premier temps, autant les interludes hiphop complètement nuls ou les soli interminables me font zapper systématiquement. Voilà autant d’éléments qui m’empêchent de m’enflammer comme un puceau sur une photo d’Alyssa Milano à poil et me laissent avec l’impression d’un bordélique fourre-tout en forme de ‘Fuck’. S’il y avait au moins des pistes absolument terribles à côté pour contrebalancer, je pourrais faire abstraction de ces tentatives ratées d’incorporer de saines influences. Malheureusement, seuls ‘Time To Break Down’ (meilleur morceau, donc), ‘Roaches And Rats’ et le morceau éponyme méritent vraiment une mention, ce qui fait léger sur un total de 15, vous en conviendrez. Vu qu’il n’y a pas non plus matière à se taper le gland sur le bout du nez en décryptant les paroles, que l’artwork n’est clairement pas la plus grande réussite de Bannon et que le niveau technique général est simplement correct, je ne vais pas m’égosiller plus longtemps, vous aurez compris mon opinion…

Un groupe hype signé sur un label hype qui sort un album produit par une figure du hardcore, on était en droit d’attendre une claque, et on ne reçoit finalement qu’une pichenette qui ne défriserait même pas Passe-Partout. Les blasés parleront sûrement d’arnaque de l’année, les hipsters fluo s’écrieront ‘Tu peux pas comprendre, t’es pas ouvert!’ Il s’agit pour ma part d’une immense déception, surtout après les avoir vus sur scène. Voyons le côté positif des choses: la grosse targnole sera pour le prochain album, si si, c’est Coué qui le dit !


Rédigé par : Candiria-Thon | 12/20 | Nb de lectures : 11162