Si Code bénéficie désormais d'une petite réputation depuis la sortie de leur Nouveau Gloaming en 2005, les Anglo-Norvégiens nous auront fait patienter avant de proposer leur second album. Quatre années séparent les deux opus, à peine troublées par le titre "Pollen of Black Plume" réenregistré pour la compilation The Wine of Satan volume II en 2008. Maigre palmarès, d'où une grosse attente chez les fans. D'autant plus que le groupe grand-breton ne bénéficie plus cette fois de l'effet de surprise et qu'il va devoir proposer son black dandy avant-gardiste sans filet.

A l'écoute des 35 (courtes) minutes, le pari semble plutôt réussi. Les éléments tangibles de Code sont bien présents, avec une guitare acérée appuyée par le ronronnement d'une basse jouissivement présente, avec surtout le chant clair si particulier de Kvohst qui déclencha la moiteur dans les chaumières. Tout est bien développé, dans des compositions plus compactes qui donnent l'impression de fondre sur leur proie très rapidement. Loin d'un algorithme primaire, Code développe des thèmes mélodiques qui les poussent dans les bras du black avantgardiste, voire du post black selon votre classement personnel. Le rapprochement avec la palette sonore de Ved Buens Ende paraît opportun, Code n'héritant toutefois pas d'instances secouées comme Fleurety ou Solefald des débuts. Néanmoins Code ne cherche pas les structures progressistes et aventureuses des combos pré-cités. Le groupe compose des morceaux plus immédiats à appréhender et plus enclins à simplement exprimer la mélancolie que revendiquer une explosion traumatique de notes. Les changements de rythme et la quête des accords se passent dans la douceur, afin d'accompagner l'auditeur dans une descente dans la tristesse.

Ainsi, Resplendent Grotesques aspire à créer l'émotion, à grands renforts de passages atmosphériques et avec le soutien des backing vocals de Vicotnik. Mais l'album s'avère toutefois moins varié que son prédécesseur. Là où Nouveau Gloaming enchaînait des titres assez différents, Code déclare des constantes et utilise cette fois un peu la même architecture pour ses morceaux. Le début du titre par un riff couillu nous entraîne sur la fréquente pente vers le passage en chant clair, avec les riffs récursifs sur fond de double en accompagnement intermédiaire. Le chant clair de Kvohst, sur lequel je ne tarirai pas d'éloges, nous est servi à de nombreuses reprises, jusqu'à prendre un pouvoir quasi exclusif sur la seconde partie de l'album. Vous penserez que j'asticote, mais je suis grassement payé en emprunts russ... heu gouvernementaux pour le faire. Et du coup, je n'ai jamais vraiment réussi à me laisser porter par un album qui m'a semblé plus "facile" et redondant que le précédent.

Armé de riffs moins tranchants que Nouveau Gloaming, ce nouveau langage objet ne mérite à mon sens qu'un + et pas un ++. J'aurais probablement préféré que les membres de Code ne s'éparpillent pas dans d'autres projets (comme le décevant Blutvial) pour sublimer leurs riffs pour ce nouvel album. Resplendent Grotesque est une bonne sortie qui ravira les amateurs de mélodies, mais qui reste un peu trop prévisible pour émoustiller un routard qui a programmé en Cobol.


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 11464