Cobalt est de ces groupes qui vous disent bonjour par une caresse pour mieux vous mettre de grandes tartes dans la tronche, vous faire valdinguer dans les quatre coins d’un ring, vous mettre en transe comme dans un mauvais trip et vous laisser seul exploser au sol, complètement hagard en plein milieu du désert.
Les deux cinglés du Colorado nous reviennent donc avec leur troisième offrande. Dès le livret, ils annoncent la couleur : "This record is springboard to fuck universe let’s aim our arrow at the new sun."
C’est la guerre ma bonne dame !!!
Comme à leur habitude, le départ quasi-folk se fait enjôleur pour mieux lancer le wagon sur les montagnes russes que constitue le premier titre. On passe d’un riff black à la WITTR pour enchaîner un blast qui va lancer un passage southern qui aboutira à un riff que n’aurait pas renié le Biohazard de la grande époque. L’aspect le plus incroyable en définitive, mis à part cette diversité, c’est la cohérence et la fluidité des enchaînements.
Ce qui saute à l’oreille sur ce nouvel album, c’est l’aspect compact de ce dernier par rapport à "Eater of Birds". On ne retrouve plus les passages ambient/folk qui pouvaient plomber l’écoute pour certains. Un autre élément vient renforcer le rouleau-compresseur qu’est "GIN". En effet, on note un recentrage des influences vers le post-core voire même le pur hardcore. Un titre comme "Arsonry" est capable de provoquer un génocide dans n’importe quel pit de la planète.

Et le black, il est où ? Bah là pour le coup, il n’y en a plus tellement. Excepté, quelques passages qui rappellent leurs compatriotes de WITTR ou le black’n’roll d’un Satyricon ("Stomach" et "Two-Thumbed Fist") ainsi que ce chant toujours aussi haineux, on ne retrouve plus les composantes black qui étaient bien plus présentes sur le précèdent.
Au rayon des nouveautés les plus marquantes, on notera l’apparition d’une voix claire incantatoire et ritualiste qui introduit la thématique tribale. Le titre "Dry Body" en est l’exemple le plus frappant ainsi qu’un des titres les plus marquants de l’album. Un titre lancinant et hypnotique qui évoque un chant rituel indien. Cette litanie shamanique nous fait littéralement communiquer avec les déités originelles d’Amérique du Nord. Cet aspect réapparaît à nouveau sur "Pregnant Insect".
Sur un plan purement technique, la prod est plus clean que sur le précèdent (exit la basse thermonucléaire). Il y a un aspect aride et sec comme un coup de trique qui renforce l’idée de désert où se situe cette réserve indienne. De ce fait, même si nous retrouvons les roulements de batterie caractéristiques du combo, ces derniers s’avèrent moins apocalyptiques que sur "Eater Of Birds". Sur ce dernier, chacun de ces roulements apparaissait comme le grondement du tonnerre prêt à terrasser le pauvre petit auditeur.
Impossible de passer sous silence l’excellente piste cachée qui se trouve être le sample d’un blues originel et préhistorique qui nous donne à entendre des esclaves chanter une complainte de forçats, l’ensemble rythmé par les bruits métalliques de leur labeur et de leurs chaînes.
Ce truc a le don de me filer des frissons à chaque écoute.

Finalement, cette dérive vers le côté core de la force permet à Cobalt de gagner une efficacité hallucinante. C’est bien simple, il n’y a pas un seul riff qui ne fasse pas mouche. La plupart des morceaux ont la capacité de faire hocher le crâne à n’importe qui et d’embraser tous pits si le duo se décidait un jour à tourner. En contre-partie, on perd l’aspect épique qui était porté par les longs passages black et les passages à la Neurosis.
En étant complètement subjectif, j’ai une une petite préférence pour "Eater Of Birds". J’ai la fâcheuse tendance à penser que malheureusement, le dernier titre ("A Starved Horror") est le plus faible de l’album. Il est dommage de finir un album aussi intense par un titre aussi "gentillet". Je repense au final neurosien du précèdent qui me laissait complètement abasourdi. De même, je trouve que la recherche d’efficacité se fait peut-être au détriment de leur singularité. En effet, se rapprochant plus classiquement de la scène post-core, je trouve qu’ils perdent une partie de leur identité qui était constituée par les véritables morceaux de black metal qui constituaient une des bases de leur sauce.
Mais n’écoutez pas un petit gamin trop gâté à qui on a changé sa petite tambouille. Que ce soit dans les moments de guerre ou dans ces instants tribaux, "Gin" est véritablement inspiré d’une efficacité sans failles et d’une cohérence remarquable. C’est bien simple, ma tête vide continue de bouger.
Un indispensable de cette année et puis c’est tout.
A noter, un artwork sublime qui s’avère assez original pour le genre car c’est définitivement le type de cover que l’on trouve habituellement dans le martial ou le neo-folk.
Et encore une fois, Jarboe vient prêter son charme aux deux lascars. Ça c’est pour la référence aux Swans.




Rédigé par : Dark Rabbit | 16/20 | Nb de lectures : 12810