Qu’est-ce qui détermine le plaisir auditif, la subjectivité des goûts ?
Pourquoi et comment allons-nous aimer tel ou tel album, et abhorrer tel autre, alors même qu’ils évoluent dans le même style musical et avec la même énergie ?
Au-delà des "goûts et des couleurs", n'y a-t-il pas un aspect objectif qui entre en compte, tels que la qualité musicale ou l’inspiration ? Voire, même, un aspect immatériel, impalpable, symbolisé par l’accroche musicale ou la cohérence... ?

Si je me pose ces questions (hautement philosophiques), c’est parce qu’à l’écoute de 'Dying Breed', 1er album des Américains de COATHANGER ABORTION, je m’ennuie inexorablement.
Alors même que la qualité musicale semble être présente.

COATHANGER ABORTION pratique un Brutal Death sensiblement Grind, avec des vocaux bien gutturaux comme on les aime, et des titres plutôt longs (autour des 5 minutes), en tout cas peu commun pour le style pratiqué. Les riffs sont relativement diversifiés, parfois sensiblement syncopés, mais sans piocher dans la débauche de technicité. Quelques arpèges acoustiques aèrent par instant l’album, mais leur intégration dans la cohésion globale est ratée.

Les rythmes sont vraiment variés, au sein d’un même morceau, et on retrouve les alternances classiques de blast-beats, de rythmes rapides et véloces, de ralentissements, d’accélérations et de breaks typiquement "slamming Death". Le groupe affiche une certaine prédisposition pour les gros breaks lourds et 'down', propices (en théorie) aux headbangues acharnés.

Classique, me direz-vous. Mais, quand cette recette est excellente, voire succulente, chez CEREBRAL EFFUSION ou EMBRYONIC DEVOURMENT, elle paraît fade et molle chez Coathanger Abortion.
Pourtant je ne vois pas de reproches particuliers à adresser au groupe, les enchaînements de tempos, les beuglements et les riffs sont tous pertinents et unis dans la même finalité de brutalité.
Sauf que je m’ennuie à l’écoute de 'Dying Breed'.

Pourquoi ? Comment ?
Aucune idée. Peut-être cette foutue notion de subjectivité, associée à un rébarbatif manque d’inspiration. Ou de passion.
Oui, passion, car je fais partie des personnes qui ont l’impression de ressentir et de vibrer différemment selon les groupes et le degré de passion transmise à travers un album. Et là, j’ai l’impression que les Ricains jouent leur partition sans réelle passion, de façon automatique, mécanique. Mais sans insuffler la moindre parcelle d’âme ou d'envie à leur album.

Je suis peut-être à côté de la plaque.
Je passe peut-être à côté d’un grand groupe, d’un bon album. Mais tant pis pour moi, je vous le laisse avec eux. Moi je préfère retourner à mon PATHOLOGY, voire même à ENGAGED IN MUTILATING, qui me stimulent et m’excitent bien plus.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 08/20 | Nb de lectures : 12051