"WHAT MORE DO YOU WANT FROM THEEEEEEEEEM?"

Avec un monstrueux retour comme ça, sûrement pas des excuses. Pas la peine de ménager le suspense plus longtemps, ce premier album depuis "0:12 Revolution In Just Listening" fracasse à peu près tout ce qui se fout en travers de son passage! Depuis leur reformation l'année dernière, on avait eu droit à la réédition de "0:12 Revolution In Just Listening", et surtout au EP "Salt And Passage". Remontée en selle avec deux petits titres du genre à te laisser gravement sur ta fin, dotés d'un groove limite festif des plus tarés. Alors, c'était censé être ça le Coalesce nouveau? Encore plus funky qu'avant? Que dalle, avec "Ox" il ont réussi à faire encore plus fort.

Premier choc: le son des grattes, plus crasseux et épais que jamais. La production d'Ed Rose a encore une fois fait des merveilles, avec cette basse monstrueusement distordue qui vient concurrencer la guitare de Jess Steineger en terme de présence sonore... Ceux qui viennent de se faire souffler la gueule sur les planches pourront confirmer: planquée sous la montagne sonore, la puissance de la fonk est toujours là et te file l'envie de te fracasser chacun de tes os contre les barrières. Et ce groove ronflant confère à "Ox" un délicieux côté cul-terreux, qui, s'il a toujours été latent, se révèle au grand jour sur cet album. Puisque si Coalesce a franchi un pas en terme de puissance sonore, il l'a aussi franchi au niveau de l'écriture.

C'est qu'ils auraient pu se reposer sur leurs lauriers, vu leur statut et leur influence sur toute une scène, ils auraient été en droit de se le permettre. Et pourtant... Sur "Ox", Coalesce tente, Coalesce innove. Autour des beuglantes au coffre abyssal de Sean Ingram, le groupe a affiné son écriture et laisse apparaître leur amour pour le blues-rock qui sent le foin et la boue sous les bottes. Faut pas oublier que ces gars ont pondu un album de covers de Led Zeppelin, hein... Deuxième choc, les quelques terribles refrains en voix claires envoyés Stentson vissé le crâne, disséminés çà et là et qui te rentrent dans les esgourdes au burin, absolument magiques. Et beaux. Quatorze titres, et autant de tubes, des décharges chaotiques de "The Plot Against My Love" aux divagations limite post-hardcore de "The Purveyor of Novelty and Nonsense", des mélodies fatales de "Wild Ox Moan" aux syncopes écrasantes de "Designed to Break A Man" le bien nommé. Notez l'artwork mystico-abstrait (comme les lyrics) qui est à peu près aussi minimaliste que classieux.

A l'instar du monumental come-back de Starkweather avec Croatoan, "Ox" est de la trempe des albums qui viennent violemment remettre les choses à niveau et vont faire pleurer les dizaines de groupes qui se sont échinés à recréer leur son depuis 10 ans (PS - depuis un certain dimanche de juin du côté de Clisson: et scéniquement, tout ces groupes peuvent aller se pendre pour espérer leur arriver aux éperons). Et si la grosse demi-heure que dure "Ox" vous a pas assommé, sachez qu'un EP est prévu d'ici la fin de l'année. "Revolution In Just Listening"? Dix ans après, c'est toujours d'actualité. Worship.

"BUT REMEMBER: YOU CAN'T KILL US ALL"


Rédigé par : Crown_Me | 17/20 | Nb de lectures : 13392