Second wagon du hardcore chaotique, 4 passagers en première classe: Converge, Dillinger Escape Plan, Botch, Coalesce. Si les gaziers de Coalesce n'auront pas eu une exposition aussi conséquente que les deux premiers cités, ni l'aura limite mythique des troisièmes, ils n'en restent pas moins l'une des pierres angulaires du mouvement, dont la séminalité n'est plus à prouver. Allez donc demander à Norma Jean era "Bless The Martyr And Kiss The Child", s'ils ne seraient pas toujours en train de faire du Deftones-Like sans eux? Ou à d'autres groupes en "The-" genre The Ocean, The Chariot, ou The Handshake Murders?

Voilà qu'après plusieurs séparations (et donc du coup autant de reformations, quelle jugeotte!), le groupe revient faire de la place avec ses gros sabots ces derniers temps. En effet, il y a de quoi faire: entre la sortie de l'EP "Salt And Passage", sa participation (finalement avortée, ça pouvait pas arriver aux Cavalera?) au Hellfest 2008, la sortie d'un quadruple DVD, et les rééditions de masses, comprenant le tribute à Led Zeppelin, "Functioning On Impatience" et "0:12 Revolution In Just Listening", il y a de quoi se mettre quelque chose sous la dent. Du moins en attendant que ces branleurs terminent enfin la composition du prochain album.

C'est donc ce "O:12 Revolution In Just Listening" qui nous intéresse ici, et qui ressort après avoir subi un petit lifting visuel et sonore. En effet, outre un nouvel artwork (plus classe), la galette est passée entre les mains de Scott Hull de Pig Destroyer (Nile ou Four Question Marks sur son CV de producteur) pour un petit remastering de derrière les fagots.

Pour ceux qui n'avaient pas encore eu l'occasion de se pencher sur le quartet de Kansas City, à moi de jouer l'entremetteur. Je commencerais la description en balançant ce qui pourra s'apparenter à une grosse connerie, mais cette galette me fait à chaque fois le même effet qu'un Meshuggah. Hu? Si si, écoutez à deux fois, et dites moi si il n'y a pas un groove d'autiste qui vient s'emparer de vos guibolles, digne de la pub Super Timor? C'est à ce niveau-là que je fais le rapprochement, même si les deux groupes n'ont absolument rien à voir, ils partagent ce bon goût pour les rythmiques alambiquées et groovies. La faute aux riffs de Jes Steineger, vraisemblablement le genre de gosse à moitié taré avec 130 de QI qui bouffait tout seul à sa table au collège. Ce brillant désaxé balance pendant 4O minutes ses riffs au feeling unique, aux brutales rythmiques fracassées, concassées, pilées. Un groove venu d'ailleurs, condensant à la fois hardcore, noise, punk et metal en seulement quelques notes, impossible d'y résister.

Mais Coalesce, c'est également Sean Ingram. Aka "le mec qui doit avoir une pomme d'Adam assez basse pour la confondre avec une troisième couille et une gorge large comme une gouttière", c'est pas possible autrement. Un chant beuglé monolithique que tu sens arriver du fond de l'oesophage, et qui vient poser ses attaques très ciblées et personnelles sur toute la scène, en prenant toujours soin de ne pas se la jouer "en rythme et en cadence" (copyright Tribal King). C'est cette superposition de rythmiques toutes plus déguingandées et à contre temps les unes que les autres qui, encore plus que sur les autres albums, vient forger le son Coalesce.

Bref, pour les fans aux nerfs fragiles, cette réédition ne disposera que d'un seul véritable intérêt: remettre un peu plus ce groupe atypique sous les feux de la rampe, voire faire office d'os à ronger en attendant la prochaine véritable sortie du groupe. Pour les néophytes, un seul mot: courrez!


Rédigé par : Crown_Me | Réedition In Just Listening/ | Nb de lectures : 11695