Alors, comment résumer CLUTCH et son chanteur Neil Fallon sans utiliser de superlatifs ?! Imaginez une église qui prêcherait le rock'n'roll comme religion, qui ferait débit de boisson, où l'organiste serait sous LSD. Une église devant laquelle serait garée une armée de motos et de vans pourris, et où les statues de notre acrobate préféré seraient remplacées par des pin-up aux poitrines avantageuses et découvertes ! Et bien CLUTCH en serait la chorale, et Neil Fallon son prédicateur.
Clutch est sûrement le groupe en activité qui symbolise le mieux l'étiquette "stoner rock". En 16 ans, quelques 10 albums et plus de 2800 concerts, et malgré peu de média pour relayer la bête, le groupe a quand même réussi à devenir la référence du genre. Sur la route presque toute l'année ils ont ouvert pour des groupes comme Slayer, Corrosion Of Conformity, Pantera, Fu Manchu, Down, Sepultura, Prong, Monster Magnet, Spiritual Beggars, Deftones, Mastodon, Mötorhead, Nebula, System of a Down, Biohazard, Fear Factory, Iron Maiden ou Soilent Green !! (excusez du peu).
Clutch s'est beaucoup assagi depuis ses débuts. Mais c'était et ce sera toujours du groove, du blues, du hard rock qui tire sur le core, du southern rock, des barbus en transe qui sentent la bière et qui ressemblent plus à des pompistes rednecks qu'à des stars du rock. Alors, pourquoi le groupe est-il devenu culte ?! Sûrement parce que c'est le premier groupe de rock à être aussi groovy. Avec des influs comme Led Zeppelin, Kyuss, Black Sabbath, Lynyrd Skynyrd, Motörhead ou Faith No More, la bande de Fallon a toujours su évoluer et rester en dehors du mainstream pour nous pondre des albums toujours aussi réussis et bandants. Le genre d'album où à l'écoute on entend des "ah ouais ça c'est du rock !" (avec la voix de Marty Mc Fly SVP).
Produit et mixé par le grand ponte Joe Baresi (Kyuss, Tool, Melvins, QOTSA), "From Beale Street to Oblivion" ne déroge pas à la règle. Toutes les compos ont été rodées en live avant d'entrer en studio, et cela se ressent. L'exécution est parfaite, l'ambiance "live" est omniprésente, c'est carré, du "classic rock" sauce 2007. L'album est homogène, très seventies " Child Of The City", "Mr Shiny Cadillackness" et toujours aussi groovisant avec des titres comme "Power Player" et surtout le monumental "Electric Worry". La galette est remplie de petites perles, "White's Ferry" en est l'exemple parfait. Une mélodie lancinante et profonde comme du Spiritual Beggars, et d'un coup un riff seventies et groovy apparaît et lance la compo dans des sphères que seule la mescaline vous permettra de rejoindre. L'orgue harmonium de Mick Schauer est complètement psyché, quant au gratteux Tim Sult et le bassiste Dan Maines, ils se disputent en longueur pour savoir qui aura le riff le plus groov'n'roll/stoner des deux. Mais Clutch, c'est surtout le sculptural Neil Fallon ! Toujours fidèle à lui même, des textes intelligents, drôles, incisifs et corrosifs débités par une voix chaude, prenante et suave comme la cyprine de Marilyn Monroe (c'est mon grand-père qui me l'a dit). Le tout agrémenté par des parties d'harmonica (jouées par notre pasteur vénéré) pour ne pas oublier que le rock'n'roll c'est aussi le blues.
"From Beale Street To Oblivion" est un grand album. Faire plus rock'n'roll que Clutch musicalement et dans l'attitude serait bien présomptueux. Pour moi les précèdents "Robot Hive/Exodus" et "Blast Tyrant" sont au-dessus de celui-ci, mais je n'attendrai pas la retraite ou la séparation de CLUTCH pour clamer haut et fort que ce groupe est CULTE et le placer en bon rang parmi les icones du "Rock'n'roll Hall Of Fame" !
Maintenant tout ce que je peux dire sans superlatif c'est : PUTAIN L' EXPÉRIENCE Rock'n'roll / nerveuse/ transcendantale... C'était bon comme sortir vivant d'une agression par un couteau sous la gorge au bout duquel une main pleine de verrues aurait torché le cul de son propriétaire sans papier toilette.... j'ai bien aimé quoi.


Rédigé par : Layne | 15.5/20 | Nb de lectures : 12462