Certaines choses m'échappent... Comme par exemple le fait que trois des meilleurs albums de Rock de ces dix dernières années, à savoir « Blast tyrant », « Robot hive / exodus » et « From Beale street to oblivion » de CLUTCH, soient passés quasiment inaperçus?!
Alors que DOWN bénéficie depuis 3, 4 ans d'une très bonne popularité (méritée) en Europe, pourquoi est-ce qu'un groupe comme CLUTCH n'arrive pas lui aussi à se tailler une part du lion?
La première raison, à mon avis, vient de la diffusion erratique de la triplette magique que je viens de citer, albums distribués en France (par PIAS pour ne pas les citer), mais difficilement trouvables dans les bacs au moment de leur sortie...
Et l'autre raison est sans aucun doute que CLUTCH tourne énormément aux Etats-Unis (ils donnent une moyenne de 150 concerts par an) mais peu en Europe. Il est d'ailleurs très regrettable que le groupe n'ait pas pu capitaliser sur le superbe accueil reçu au Hellfest 2009 (putain de concert!), et qu'aucun tourneur français n'ait eu le bon goût de les faire rejouer en France sur la tournée de leur dernier album « Strange cousins from the west »...

CLUTCH ayant son propre label depuis 2008, ils peuvent faire ce que bon leur semble et proposer plusieurs sorties par an. Ces derniers mois, ils se sont consacrés à redonner leur chance aux trois disques mentionnés plus haut, sortis à l'époque chez le label indépendant new-yorkais DRT. Mécontent du travail de ce label à ce moment-là, CLUTCH a réussi à récupérer les droits de ses albums, et les ressort petit à petit via son propre réseau de distribution.

Je ne vais pas vous proposer une nouvelle analyse détaillée de « From Beale street... », excellemment chroniqué en ces pages à sa sortie il y a trois ans.
Mais j'ai quand même envie de préciser à ceux qui ne connaitraient pas ce superbe album qu'il s'agit sans doute du plus 70's de tous les disques de CLUTCH (qui en affiche quand même 9 au compteur). Une approche vintage accentuée par la présence de l'orgue Hammond de Mick Schauer, et par la production chaleureuse de Joe Barresi (qui a enregistré en analogique).
C'est aussi l'album de CLUTCH qui sonne clairement comme le plus Classic Rock. Où leurs influences anglaises (DEEP PURPLE, BLACK SABBATH) côtoient leurs maîtres américains (GRAND FUNK RAILROAD, BLACKFOOT).

Ce disque contient un nombre impressionnant de « tubes », avec les très accrocheurs « You can't stop progress », « Power player », « The devil & me », « Child of the city » et « Electric worry », qui figurent parmi les meilleurs morceaux du répertoire de CLUTCH.

Le groove du monumental Jean-Paul Gaster à la batterie est évidemment contagieux, et la chaleur sudiste de la voix de Neil Fallon (qui me rappelle celle du grand Rickey Medlocke de BLACKFOOT) finit d'emporter nos suffrages.
Le seul petit point faible réside en cette fin d'album qui s'essouffle un peu (faut dire aussi que la première moitié du disque est vraiment exceptionnelle!). Avec deux, trois titres moins forts, et sur lesquels les riffs made in Tim Sult (au son de guitare bien caractéristique, blindé de pédale wah) tournent un peu en rond.
Mais il s'agit néanmoins d'un grand album de CLUTCH, qui n'a pas été reconnu à sa juste valeur à sa sortie. Espérons que cette réédition permette aux fans du genre qui sont passés à côté de cet opus incontournable de se rattraper...

Et comme CLUTCH ne sort jamais de produit au rabais, et qu'ils pensent toujours à leurs fans dévoués, cette ressortie nous offre (outre l'artwork original enrichi d'un fourreau et d'un beau digipack) un second CD.

Une galette bonus live sur laquelle figure cinq chansons enregistrées en 2006, dans les mythiques studios anglais de la BBC; et quatre morceaux capturés en 2007 en Australie.

Le son de l'enregistrement BBC est splendide. Chaud, clair, on a l'impression que le groupe joue dans la pièce d'à côté! Les trois titres de « From Beale street... » (pourtant pas encore sorti à ce moment-là) pètent le feu. Sans parler de ce satané « Cypress grove » (tiré de « Blast tyrant ») au groove énorme et Zeppelinesque, au milieu duquel ces redoutables musiciens partent en jam. Fallon chante particulièrement bien sur ces morceaux-là, plus en retenue. Une énergie différente sans doute due à la configuration intimiste des studios de la BBC. Ils se fendent aussi d'une belle reprise de CREAM (le blues-rock anglais étant une influence évidente de CLUTCH), « Politician ».

Nous retrouvons l'ambiance d'un concert normal sur les quatre derniers titres, captés à Melbourne. Avec trois chansons de « From Beale street... », notamment un sublime « White's ferry » (la pépite heavy blues atmosphérique de l'album). Et une autre reprise, où le groupe revient carrément au Blues originel avec « You gonna wreck my life » de HOWLIN' WOLF (chantée par l'harmoniciste Eric Oblander), là encore prétexte à une jam pas piquée des hannetons.
Et cerise sur le gâteau, nous avons aussi droit au clip de « Electric worry » dans la partie enhanced du CD 2.

Une belle réédition en somme, qui peut s'adresser aussi bien aux fans qui possèdent déjà l'album qu'aux néophytes qui aimeraient rattraper leur retard.
Je vous parlerai dans le prochain épisode de la ressortie de « Robot hive / exodus ». A suivre...


Rédigé par : Stéphane | Réédition/ | Nb de lectures : 13555