CLOVERSEEDS est une valeur montante de la scène rock progressive française. Après avoir publié un premier album, "Innocence", remarqué en 2008, les Clermontois, récemment vus en concert avec ANATHEMA, montent en puissance avec ce deuxième opus plus abouti. Produit par le groupe lui-même (mais masterisé par le célèbre Bob Katz), doté d’un artwork soigné, ce nouveau voyage musical de 45 minutes est publié par le label américain The Laser’s Edge, spécialisé dans les musiques progressives. Voici donc une excellente opportunité pour nos compatriotes, qui bénéficient ainsi d’une distribution à l’échelle internationale.
"The Opening" est une jolie démonstration de rock sombre et mélancolique, à la manière de ce que proposent des formations majeures comme PORCUPINE TREE, RIVERSIDE ou OCEANSIZE. Ces influences, encore bien perceptibles sur ce second album, ne sont pas gênantes en soi, mais CLOVERSEEDS gagnerait à s’en émanciper. En effet, si la musique du combo français est des plus personnelles en termes d’émotion et de sincérité, on aimerait parfois ne pas penser immédiatement aux groupes précités, au détour de certains titres.

Pourtant, ce disque recèle de moments franchement enthousiasmants. Impossible, par exemple, de passer sous silence l’excellente tenue des premiers titres. « Over Camelia », qui me rappelle beaucoup le metal alternatif du combo américain SINCH, figure déjà parmi les classiques de CLOVERSEEDS, tandis que la montée en puissance de « Flowers » présente un groupe bien moins calme qu’on ne pourrait le croire de prime abord. L’énergie déployée sur l’envoutant « Higher » en apporte d’ailleurs une éclatante confirmation. Plus loin, « Calling Me Down » et « Enough » séduisent par leur simplicité et leur côté intimiste. On citera également le morceau-titre, emmené par des arpèges de guitare de toute beauté et porté par les vocaux fragiles de Cédric Oléon, auteur d’une performance de qualité sur l’ensemble des compositions.

Quelques bémols doivent néanmoins être apportés à ce tableau élogieux. Ce sont d’abord des petites longueurs qui se font ressentir sur certaines plages. La faute, principalement, à la prédominance des morceaux lents, tout en douceur et en retenue, qui peuvent faire tomber l’auditeur dans une certaine léthargie (l’enchaînement « Brand New Day » / « Calling Me Down » / « The Opening » casse un peu la dynamique du disque). Les Auvergnats sont pourtant bien placés pour savoir que quand il y en a un ça va, mais quand il y en a plusieurs… Bref, trêve de plaisanteries, on aimerait simplement que la musique du groupe explose parfois davantage, que les musiciens durcissent le ton plus souvent. L’autre point « négatif » de "The Opening" est, on l’a dit, la présence d’influences trop facilement perceptibles. Attention cependant, ces éléments ne sont en rien rédhibitoires. Ils signifient au contraire que les Clermontois disposent encore d’une marge de progression considérable.

Jouant avec les atmosphères et les humeurs avec une grande aisance, CLOVERSEEDS apparaît en nette progression sur "The Opening". Son rock/metal émotionnel et torturé est en tout cas à même de séduire nombre d’amateurs de musiques alternatives et progressives. Après le temps de l’innocence en 2008, voici venu celui de la maturité et de l’ouverture à un public plus large. On espère que le troisième opus marquera l’ère de la consécration pour cette formation diablement talentueuse.


Rédigé par : up the irons | 15/20 | Nb de lectures : 12169