Dans la foulée de Zozobra, voici le énième projet d'un membre de (feu?) Cave-In, celui du gratteux Adam McGrath. Il s’associe ici à des membres de Piebald, ex-The Suicide File et Kid Kilowatt (encore une fois, on reste à Boston !) pour nous proposer ce qu’Hydra Head qualifie de ‘ZZ Top joué par des métalleux’. Comme la jaquette fait assez penser à du Zappa, enfin un truc psyché des années 70, j’étais curieux de voir le résultat concret et j’espère que vous aussi.

Bon, si Zozobra m’avait déjà paru à des années-lumières de Cave-In, alors Clouds est tout simplement dans un univers parallèle ! Impossible de ne pas citer comme influences prépondérantes ZZ Top effectivement, mais aussi la vague redevenue actuelle de rock couillu incarnée par Queens Of The Stone Age ou Eagles Of Death Metal, pour ne pas carrément revenir aux sources de Black Sabbath et des Stooges. Ca joue bien, ça délire énormément, ça sature parfois, ça groove toujours, mais évidemment, on a l’impression d’avoir entendu chaque riff des millions de fois auparavant. Seul le chant presque caricatural d’Adam, situé entre celui de Zappa et celui d'Ozzy, donne un cachet réellement particulier à la musique du groupe. Enfin, qu’à cela ne tienne, le but des 4 musiciens n’est clairement pas de révolutionner ce petit monde ingrat du rock mais de s'éclater.

Car une fois passé le temps nécessaire à l’assimilation de l’esprit ‘revival’ du combo de Boston, certaines mélodies se logent définitivement dans le goliwog pour ne plus en sortir avant des heures ! Nom d’un soumka, tenaces les bestiaux ! ‘Mountain Jim’ et sa ligne de basse entêtante dans le style de celle de ‘7 Nations Army’ des White Stripes, ‘Magic Hater’ et son riff 70s comme les affectionne le John Spencer Blues Explosion, 'Guardian’s Eyes' et les intonations très Ozzyesques d’Adam sur fond de stoner gras, ‘New Hater’ et son duo de guitares parfaitement synchronisées très speed dans un premier temps pour se faire ultra-bordéliques après un break incroyable...Je passerai par contre rapidement sur le dub de 20 minutes clairement placé en cloture pour remplir la galette. Chaque morceau rend plus ou moins hommage à une formation marquante du rock des années 70 et 80 (Black Sabbath, donc, Zappa, les Stooges, ZZ Top, Cathedral) sans que le groupe ne sonne jamais comme un tribute-band, ce qui est déjà un exploit assez notable. On leur reprochera forcément leur coté conventionnel et un manque cruel de personnalité, mais pour ceux qui, comme moi, n’écoutent pas les groupes sus-cités régulièrement, l’album peut rester un petit moment dans la platine sans aucun problème, avant de disparaitre définitivement sous une tonne de poussière, je le crains.

Legendary Demo s’apparente au substrat restant au fond du tamis une fois que le chercheur d’or s’est démené comme un beau diable à racler le fond de la rivière: toute cette sueur, ces cloques aux doigts, ce mal de dos sont finalement récompensés par ces petites pépites qu’il faudrait encore polir afin de leur donner une grande valeur. Clouds connait ses classiques par coeur au point de nous délivrer des mélodies imparables qui donnent envie de bouger et chanter. Il manque cependant encore ce brin de folie et de vraie personnalité pour faire de ce premier album un coup de maître. Qui parie avec moi qu’ils y arriveront au prochain album ?



Rédigé par : Candiria-Thon | 14/20 | Nb de lectures : 11734