Il m'arrive souvent de trouver que les groupes de metal extrême actuels, jouent trop bien. Certains débarquent avec 18 ans au compteur, des idées originales et une technique ahurissante. Je me demande alors où ils ont trouvé le temps pour bosser autant... ou pire, comment cela se fait qu'ils aient autant de facilité pour jouer à fond les balles avec cinq ans de gratte derrière eux. Bien sûr, il y a toujours eu des shredders et il y a toujours un lot de branques qui polluent les ondes de nos jours.
A l'époque où j'ai commencé à écouter du death, les groupes jouaient avec leurs défauts et leurs limites... cela donnait un cachet et du charme. Maintenant avec les triggin et les grosses prod, beaucoup ont perdu cet état d'esprit... mais pas tous heureusement.
Heureusement, car du côté d'Avignon, un petit groupe d'irréductibles jouent du death metal "à l'ancienne" (bien qu'ils préfèrent parler de thrash Grind) et tirent comme les cadors du genre, leur inspiration des films d'horreur les plus marquants des années 70's. Le livret d'ailleurs, est superbe car il est agrémenté de dessins inspirés de cette époque cinématographique riche en scénarios pleins d'hémoglobine.
Vous l'aurez compris, ces irréductibles ce sont les Clone Shop et ils renouent avec cette tradition des groupes "old school". Pas exempt de défauts loin s'en faut, la musique des Clone Shop reste armée de ce que beaucoup ne trouve jamais : de la personnalité.
Il y a dans ce disque des mises en place un poil approximatives et quelques retards manifestes sur le tempo. Mais les Clone Shop ne trichent pas et jouent leur death metal avec toute la passion qu'ils peuvent y mettre en restant sur le fil du rasoir et en envoyant le boulet aussi fort qu'ils peuvent. Et quand ça fonctionne et que le boulet arrive à destination ils font de gros, gros dégâts.
Car ce n'est pas les quelques moments de flottements qui doivent faire oublier que les Clone Shop ont de bonnes idées musicales et réussissent à jouer des plans complexes et velus (les décalages à la ride sur "Army of Cannibals" sont redoutables).
L'énergie est présente du début à la fin et le groupe ne triche pas. En témoigne la production, grasse et inégale, qui aide le groupe dans ses moments les plus furibonds à infecter son groove d'un poison nocif et destructeur, pourfendeur des prod' clean et aseptisées. Quelques regrets cependant, notamment sur "Spiral of violence" où il faut vraiment prêter l'oreille pour entendre le redoutable tapis de double pédale qui aurait vraiment gagné à être mis en avant.
Je ne suis pas un gros fan de musique extrême. J'en écoute de temps en temps et j'aime bien quand c'est vraiment violent et que cela te cloue sur place.
J'apprécie aussi quand il y a des chansons et pas seulement une démonstration technique où un concours de métronome. Clone Shop l'a bien compris et nous a concocté quelques brûlots bien sentis, pourtant bien éloignés de toutes considérations bassements commerciales. Ah oui, et puis ils aiment l'expérimentation. Le remarquable travail du bassiste est là pour en attester. A plusieurs reprises, on entend cette basse ronflante, groovy et menaçante qui vient sublimer les compos de fills et de rythmiques vraiment bien senties qui apportent un véritable plus un groupe. Une basse audible qui s'aventure plus loin que le terrain des guitares... dans du death... cela devrait déjà chatouiller un peu votre curiosité. Ce garçon a un vrai côté "bay area" dans son jeu et ne semble pas avoir sa langue dans sa poche.
Des influences Thrash se font sentir à plusieurs moments et apportent un vrai plus à la dynamique des morceaux. Les rythmiques à la guitare sont puissantes et on voit que les gars ont bien retenu les leçons de leurs glorieux aïeux en n'oubliant jamais que l'agression musicale fait toujours meilleur ménage avec l'énergie qu'avec la finesse chirurgicale.
Rayon chansons, comme je le disais plus haut, chacune est construite sur l'inspiration de films gore des années 70. Ne vous étonnez pas si vous trouvez donc des sonorités familières au niveau des noms des titres. Il y en a plusieurs vers lesquelles je vais en premier et que j'apprécie tout particulièrement. Ma préférée est la redoutable "Army Of cannibals" qui avec ses relents speed fonctionne très, très bien. Le refrain reste bien en tête et on se plaît à growler "Human flesh Devoured" au son de cette incantation maléfique. "Killer Bees Invasion" possède une intro claustrophobique qui donne l'impression d'être piégé dans une ruche infestée d'insectes belliqueux.
"Parasite" est une chansons idéale à s'écouter le matin en allant au boulot ou au lycée. Quand tu arrives, tu es bien disposé à coller des tartes à tout le monde. Merci Clone Shop d'améliorer ma vie sociale.
Le disque vous réserve encore bien des surprises et je n'ai pas envie de tout vous dévoiler chers amis VSeurs (euses). Même si les amoureux de musique novatrice ne vont certainement pas être conquis, en ce qui me concerne plus j'écoute ce disque et plus je l'apprécie. Les plaisirs simples ne se boudent pas non d'une pipe !
Je ne saurais que trop vous conseiller de tenter le coup et de passer le pont, histoire de voir si après avoir été la cité des papes, Avignon n'est pas en train de devenir une cité Evil.


Rédigé par : pamalach | 14,5/20 | Nb de lectures : 12397