Et non mon bon fan de black, je sais que tu es venu lire cette chro car tu as vu la pochette, sans titre, et tu as cru découvrir un album de pagan black en sandales ukrainien. Wrong choice. Mais maintenant que t’es là, tu vas rester, tu vas voir c’est à la cool et on y parle un peu de Darkthrone quand même.

«L'ouragan Irene (aɪˈrin) est un ouragan de type capverdien ayant infligé d'énormes dégâts dans les Caraïbes avant d'atteindre la côte est des États-Unis et du Canada. Le bilan fait état de 55 morts et des dégâts estimés initialement à 3,1 milliards de dollars dans les Antilles et à au moins 7 milliards aux États-Unis. Des dégâts considérables sont signalés dans les montagnes Catskill, dans la Mohawk Valley de l'État de New York, dans le Vermont (qui a souffert de ses pires inondations du siècle) et au Québec. » Les gouvernements lésés sont priés d'envoyer la facture à Throatruiner Records car on connaît l’origine de l’ouragan. Il a été provoqué par les huits morceaux de ce split composés et joués par les gars de CLINGING TO THE TREES OF A FOREST FIRE (CTTTOAFF) et NESSERIA. Je vois que ça tellement la violence, la brutalité et le chaos qui s'en dégagent sont intenses. Mais alors vraiment. Je pense que c’est ce que j’ai entendu de meilleur dans le style cette année. Mais alors vraiment.

CTTTOAFF c’est un peu le meilleur de tout ce qui se fait en extrémisme musical : grind, death, sludge, hardcore, black, metal et j’en passe. Pour résumer on dira qu’ils pratiquent un « TOTAL. FUCKING. DISSONANT.ANTI.LIFE.FUNERAL GRIND. » C’est eux qui le disent et ça leur va plutôt bien. Les Ricains, qui partagent ce split avec les Frenchies de NESSERIA rappelons-le, ouvrent les hostilités avec « Opaque » qui annihile toute les facultés mentales du malheureux qui posera ses oreilles sur ce split. En fait on pourrait déjà tout arrêter après ce titre tellement tout est dit en à peine plus d’une minute. Une basse bien crust qui déboule façon Darkthrone, une guitare aux cordes rouillées et ensuite c’est l’explosion, la formation du cyclone. Les yeux saignent, les poils d’oreilles tombent et les cheveux se dressent. Le second morceau surprend avec ses passages punks venant entrecoupés des blasts démoniaques, comme si le Darkthrone de FOAD s’invitait sur un morceau de Celeste. Imparable. Double dérouillée assurée. Pour les titres suivants, le groupe ralentit plus le tempo et part dans une direction plus sludge, tout en lourdeur et en ambiances malsaines. Dans la dissonance aussi, les morceaux sont moins immédiats, moins brutaux mais plus compact. CTTTOAFF ne résiste pas et se permet quelques fulgurances grindisante juste histoire de varier les plaisirs et de finir sur un larsen symbolisant parfaitement l’état de tes oreilles. La guerre est finie mais il reste encore NESSERIA.

NESSERIA, je les attendais tellement leur album éponyme m’avait marqué au fer rouge. Ici on retrouve le groupe et son hardcore funèbre-chaotique mais on ne va pas tourner autour du pot plus longtemps j’ai été un poil déçu par la prestation des Orléanais. Attention leurs morceaux ne sont pas honteux mais je n’y ai pas retrouvé la haine et la violence nihiliste qui animaient leur dernier album. Ici on retrouve tous les éléments de leur musique mais en moins efficace, moins brutal, moins noir, moins compact. On a plus cette impression d’étouffement que procurait « Nesseria ». On pense parfois à AmenRa sur certains riffs ou à toute la scène post sur certains passages de « Mercure » ou « Freistadt ». Des bons titres mais qui ne vont pas plus loins que de bons titres justement. Le groupe se reprend et retrouve toute sa hargne et son savoir-faire sur « Fils De La Fin De Siècle » plus sombre et plus lourd. La voix se fait plus virulente aussi, plus « à la limite » de la rupture et le titre s’avère putain d’ambiancé et de glauque. Le meilleur des quatre sans problème. « 1789 » clôt les hostilités en beauté, enfin si je puis dire, avec son côté Converge plus affirmé et une basse bien mise en avant qui pèse de tout son poids sur ce titre de clôture. NESSERIA est toujours bon mais ne parvient pas à rééditer le miracle du dernier album, peut-être trop définitif tandis qu’en face CTTTOAFF balance là les quatre meilleurs titres de sa carrière. Avantage aux Ricains donc qui m’ont bien bien calmé sur ce coup-là mais la qualité des deux groupes fait de ce disque le meilleur split de l’année. Avec en plus un packaging plutôt très classe. Le divertissement à son meilleur alors consomme mon jeune.


Rédigé par : Seb On Fire | 8/10 | Nb de lectures : 12633