Pur défoulement auditif, point d’abjections musicales, ici les mélodies mielleuses et autres petits ralentissements de chiard n’ont pas leur place. Entre Grind Core, Sludge, Noise, Hard Core et Punk, le tout digéré et régurgité violemment, sans fard et sans faille.
N’espérez pas la moindre parcelle de luminosité dans cet abîme de rage sombre et hystérique. Après un premier album décapant et abrasif, CLINGING TO THE TREES OF A FOREST FIRE est de retour avec un second effort tout aussi effréné et dévastateur.
Les mauvaises langues pullulant ici auront tôt fait de s’esclaffer devant cette avalanche de brutalité rugueuse, synonyme pour leur petit égo effarouché de « bruit ». Tant mieux, cassez-vous, et contentez-vous de votre pauvre quotidien musicale inepte et aseptisé, votre place n’est pas devant cette kro.

Comment ne pas avoir la rage après l’écoute d’un tel pamphlet de violence dédié à la gloire des abjections représentées et générées par la race humaine ?
Excepté un léger sentiment de facilité, résultant seulement de l’absence d’effet de surprise, on peut sans aucun doute affirmer que 'Songs of Ill Hope and Desperation' est une réussite. Pour peu que vous aimiez le Grind hystérico-Sludgiseant découpé au CEPHALIC CARNAGE et mariné avec des relents de PIG DESTROYER.
CTTTOAFF n’a pas fondamentalement changé, et l’expression musicale de leur folie rageuse s’exprime de nouveau avec force. Leur expérience et leur vécu se manifestent au travers de morceaux plus travaillés, et qui gagnent en cohésion, au détriment en revanche de l’impulsivité. Cohésion est certes un bien grand mot, puisqu’aucun des 13 morceaux ne peut se targuer de contenir refrains, couplets ou mélodies répétitives. Le Chaotico-Grind-Sludge déjanté des Ricains ne se complaît que dans l’enchaînement de riffs, de rythmes et de beuglements ne répondant qu’à une seule logique : celle du défoulement, de l’exutoire.
Avec, pour seule évolution notable, une folie sensiblement mieux canalisée, peut-être moins naïve et plus professionnelle. Mais, plus écrasante, également.

Le nom d’album est en total adéquation avec l’expulsion sonore auditive que vous subirez durant une grosse demi-heure. Entre maladie mentale et désespoir, entre hystérie Grind Core et funeste lenteur typiquement Sludge.
Les alternances de folie furieuse, de rage écrasante et de violence exacerbée auront raison de vos cervicales, et le son cru et massif achèvera de vous déflorer les tympans. Aux titres ultra énergiques et rapides succèdent des morceaux plus lourds, lancinants et parfois presque ‘Doom Core’. Le groupe s’auto-classe comme faisant du Funeral Grind, et je dois reconnaître une certaine pertinence dans cette appellation. Mais tout en prenant en compte la dimension écrasante et parfois hypnotique relative aux influences Sludge et Doom disséminés ici et là.

L’aspect écrasant est rehaussé par la prod, le côté dissonant est quant à lui omniprésent. Les guitares sont triturées pour faire mieux ressortir l’aspect déchiré et acéré, Ethan s’époumone dans des régurgitations vocales écorchées et communicatives. Et l’ensemble demeure malgré tout relativement cohérent, notamment dans la mise en place d’atmosphères plombées et d’accès de furie incontrôlée.
Des rythmes véloces et hystériques qui vous perforeront le peu d’audition qu’il vous reste plus violemment que n’importe quelle daube télévisuelle. Des changements impromptus de tempos, déstructurés et déjantés. Des ralentissements toujours aussi lourds et qui vous plaqueront au carrelage moisi de vos chiottes plus rapidement qu’un rugbyman privé de dessert.
Voilà le menu.

Que dire de plus ?
Excepté une relative aseptisation sonore, via une prod sensiblement trop claire, et excepté un côté moins incisif, moins fou qu''Omega Drunk on the Blood of Alpha’, la suite des aventures discographiques des tarés de Denver est une réussite.
Écoutez, succombez.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 15,5/20 | Nb de lectures : 13251