Personnage atypique que ce Kevin Moore pour une oeuvre qui ne l’est pas moins. Après avoir tenu brillamment les claviers de Dream Theater première période, puis donné un coup de patte à Fates Warning ou OSI, cet américain qui vit désormais à Instanbul, n’est pas le plus aisé à cerner des instrumentistes solistes du rock métal. Il possède l’art et la manière de diversifier ses participations si bien qu’il se trouve souvent là où on ne l’attend pas. De couleur métal lorsqu’il suppléé les groupes précités, sa musique se calme d’importance quand il redevient seul maître à bord. On peut alors parler de rock atmosphérique ou ambiant limite indus. Quant à sa dernière production, Ghost Book, antérieure à Graveyard…, elle donnait carrément dans la musique de film d’horreur.(un film turque nommé « Okul ») Et c’est un peu tout ce mélange que nous offre Moore dans son troisième album paru sous l’appellation Chroma Key. L’ambiance générale étant à la tristesse et à l’introspection, il vous faudra une bonne dose de moral pour parvenir à en sortir indemne. Par manque d’homogénéité, de cohérence et de véritable trame de fond, l’ennui guette à chaque recoin de ce disque sommes toutes assez répétitif dans les thèmes abordés. On ne parvient jamais à savoir où Moore veut nous amener. Calés entre séquences de musique « pure » mais minimaliste, les divers bidouillages, bruits, textes parlés et autres artifices sonores finissent par provoquer une somnolence que rien ne semble pouvoir perturber. Pas l’ombre d’une voix captivante, d’un solo de guitare nerveux ou lyrique, ou de clavier énergique, fut-ce un arpège de piano tempéré pour vous sortir de cette torpeur poisseuse. Finalement, Graveyard Mountain Home a tout de la musique de film ou de documentaire où l’important n’est pas dans le rythme des images qu’il propose mais dans la vitesse ou plutôt l’absence de vitesse qu’elle est capable de transmettre à son spectateur-auditeur. Que vous dire de plus ? Il faut être sacrément déprimé ou au contraire incroyablement optimiste pour savourer à sa juste mesure, cet Eloge de la Lenteur parfaitement insaisissable !


Rédigé par : Karadok | 10/20 | Nb de lectures : 10280