Alors que les pro-Rozz Williams crient (et crieront) toujours au scandale suite à la récupération de l'icône CHRISTIAN DEATH par Valor Kand le cupide, ce dernier n'en démord pas et continue à sortir des albums plus ou moins inspirés qui ne font qu'amener de l'eau au moulin, bien malgré lui. 2000 avait vu Valor s'enliser lamentablement avec un "Born Again Anti-Christian" lourdaud et handicapé par une pseudo-identité métal poussée à son paroxysme qui ne collait pas spécialement bien à l'image du CHRISTIAN DEATH de la belle époque. Car sans s'en cacher, Valor Kand a depuis toujours cherché à transformer le bébé du regretté Rozz Williams en monstre métallique. Mais trop c'est trop et ce dernier opus aura été un coup d'épée dans l'eau de plus qui aura très certainement fait réfléchir le couple démoniaque.

A l'heure où la frange pseudo-intellectuelle américaine tire à boulets rouges sur George "Waste" Bush Jr. et sa soi-disant conviction religieuse guidant ses actes les plus répréhensibles, Valor y voit du pain béni pour déverser une nouvelle fois ses idéaux sur la chétienté et ses désirs de domination. "American Inquisition" n'est pas plus attendu que ça, tant le CHRISTIAN DEATH de Valor nous a habitué a des sorties à la qualité discutable. Pourtant, s'il y a bien une chose à faire ressortir de ce nouvel opus qui divisera à coups sûrs les foules, c'est que l'inspiration et l'essence est de retour.

Out les surenchères de riffs plombés douteux, c'est le retour aux mélodies que l'on doit saluer ici. Ces mélodies légères déservies par des guitares que l'on avait pas entendues aussi inspirées chez CD depuis belle lurette. Un retour en somme au death-rock que l'on avait vu au fil du temps disparaître à regrets. Volontairement cradingue et abrasif, le son des guitares, s'il garde tout de même des apparats métal, se veut plus garage, accentuant le côté malsain que la voix du sieur Kand sait distiller ("Victim X"). Un timbre rugueux qui colle à merveille aux ambiances liturgiques que propose le duo et qui se marie avec aisance à la voix criarde de Mairi. Une voix féminine qui se veut plus digeste qu'auparavant même si elle dérange toujours un peu avec cette prononciation franchouillarde et ce timbre aigu qui rappellent l'immonde poissonnière du marché de votre enfance. La pauvre se voit d'ailleurs mise en avant sur un "Worship along the Nile" au texte à la finesse digne d'un spectacle de Bigard, un exemple permettant de pointer une nouvelle fois du doigt l'absence de talent de Valor pour signer des paroles qui tiennent la route.

"American Inquisition" est marqué également par l'utilisation prononcée de violons qui accentuent le côté tragique de l'ambiance de cet opus qui oscille entre désespoir ("Angels & Drugs") et (faux) cris de rage ("To Disappear"). On est d'ailleurs immédiatement plongé dans le bain avec le titre d'ouverture "Water into Wine", titre marqué par une progression stupéfiante de l'ambiance avec une rythmique militaire martiale appuyé par un violon hantant ces quasi 5 minutes. Une sacrée réussite.

Construits autour d'une architecture simple, les 13 titres se veulent assez directs et explicites, évitant à CHRISTIAN DEATH de se perdre dans les méandres du fortuit. 13 titres avec un fond très rock'n'roll qui ravira ceux qui avaient dernièrement tourné le dos à l'oeuvre de Valor et un retour au son 80s qui surprend mais fait plaisir ("Surviving Armageddon").

Si vous pensiez que CHRISTIAN DEATH était arrivé au bord du précipice, "American Inquisition" déboule pour vous prouver tout le contraire. Sûrement ni l'album de l'année ni l'album de la réconciliation avec les divagation de Valor mais un opus qui s'écoute agréablement et qui vient redonner des couleurs à un groupe un peu blafard ces derniers temps.




Rédigé par : Foofur | 14,5/20 | Nb de lectures : 12033