Si « The Infection » était destiné aux « puristes » et aux « fans » de Chimaira, il ne m’aura pas laissé un souvenir impérissable. On pouvait même se demander si le groupe allait continuer l’aventure après le départ successif de trois de ses membres (Jim LaMarca, Chris Spicuzza et, pour la énième fois, Andols Herrick). Seuls les guitaristes, Rob Arnold et Matt DeVries, et le frontman, Mark Hunter, se sont réunis avec l’aide du producteur et batteur Ben Schigel pour mettre en boîte « The Age of Hell ».

Ce nouvel opus marque donc un tournant dans l’histoire de la formation metalcore de Cleveland, mais pourrait permettre une renaissance musicale de sa part. Signé depuis le début de l’année chez E1 Music après son départ du géant Nuclear Blast, l’armada américaine espère pallier le départ de ses membres pour instaurer de nouvelles idées à la musique de Chimaira. « The Age of Hell » sonne brut de décoffrage, un peu plus crasseux que ses prédécesseurs, pas faute à une production toujours impeccable chez le combo. S’il s’instaure à mon sens comme un retour pas si attendu que ça, le trio a bien su remettre en évidence la formule baston de ce qu’est la Chimère : des riffs gras et groovy, une batterie mitraillette et une voix assurée.

Avec des morceaux brise-nuques comme « The Year of the Snake » (avec son clip deux de tension), « Time is Running Out », « Trigger Finger » ou « The Age of Hell », Mark Hunter et ses acolytes repartent à la chasse aux gros riffs qui tachent. Les parties du frontman se veulent toujours aussi rageuses, son timbre de voix semble pouvoir tenir la comparaison avec « The Impossibility of Reason ». L’atmosphère de l’album est tendue et met la pression sur les tympans de l’auditeur de bien belle façon. Entre sadisme typique et véritable débauche d’énergie, « The Age of Hell » dégueule de plans bestiaux et –en opposition- aériens. « Trigger Finger » et son groove naturel feront naturellement hocher des têtes chevelues, ce titre est tout simplement énorme. En revanche « Clockwork » nous met rapidement la puce à l’oreille avec ses chœurs et son refrain si… kitsch et on se dit que parfois, ce serait bien de ne pas comprendre toutes les conneries que déblatèrent les paroliers.

Ce point négatif n’est rien comparé au chant clair détestable que Chris Spicuzza offrait auparavant, je dirais simplement qu’il y a un net progrès dans ce registre. Mark Hunter, toujours lui, remplace d’ailleurs Spicuzza pour l’utilisation des samples et le travail proposé semble correspondre. Il aurait été dommage que Chimaira n’en use pas puisque ces ambiances ont prouvé par le passé leur intérêt, mais elles sont ici utilisées avec plus de retrait et de retenue. « The Age of Hell » marque également le premier featuring vocal avec Phil Bozeman de Whitechapel sur le morceau “Born in Blood”. Si le groupe n’avait pas été en panne d’inspiration sur le riff pompé de « Nothing Remains », l’initiative aurait été d’autant plus appréciée.
Par contre, on retrouve avec plaisir le duo Arnold/DeVries qui semble avoir sorti l’artillerie lourde. Le son des guitares est toujours aussi impressionnant et les quelques influences heavy/thrash propres au jeu du soliste font, elles aussi, leur grand retour. La petite déception réside dans l’absence d’Andols Herrick, non pas que Schigel soit mauvais, loin de là, mais Herrick et son jeu de batterie démonstratif demeureront estampillé « Chimaira » pendant un moment.

Bref, tout cela pour dire que « The Age of Hell » est un bon disque de Chimaira et un bon disque de metal hardcore. Si comme moi, la déception fut grande lors de la sortie de « The Infection », avec ce dernier méfait vous redonnez une chance aux gaillards de l’Ohio. Les arrivées d’Emil Werstler (basse), Sean Zatorsky (claviers) et Austin D’Amond (batterie), tous les trois officiants dans Daath, devraient permettre à Mark Hunter et ses sbires de défendre « The Age of Hell » sur scène et pourquoi pas pondre un nouvel album pour enfoncer le clou.


Rédigé par : Choko | 14.5/20 | Nb de lectures : 13728