"Et à tes souhaits!"
C'est à peu près ce que m'a dit le vendeur quand je lui ai demandé si le nouveau Children Of Bodom était sorti. Faut dire que le nom de ce nouvel album est à l'instar des albums de Dimmu Borgir une torture pour nous autres francophones. Enfin smsophone à tendance légèrement française pour la plupart des moins de 20 ans.
Voici donc après une absence de 3 ans (un record pour le groupe, il le fallait comme on va le voir plus loin) le nouvel opus des enfants du lac Bodom. Votre serviteur ici présent est ce qu'on peut appeler un fan de la première heure du combo, ayant découvert ceux-ci à la sortie de leur premier album, eh ouais mec, je suis un vieux, un dur, un tatoué. Je me souviens très bien du choc à l'époque. Du heavy? Non, la voix est death/black! Du death? Non y'a des envolées heavy néo-classique digne de Malmsteen! Bref, le cul entre deux chaises qu'ils avaient. Et c'était rafraîchissant à l'époque, d'autant que le guitariste Alexi Laiho a tout de suite montré sa grande classe et son sens aigu du riff. Impression renforcée sur le deuxième album, à mon sens le meilleur du groupe, "Hatebreeder". Tous les éléments du premier y étaient, mais en mieux. La C.O.B.-mania était lancée, à juste titre pensai-je à l'époque.
Mais le conte de fée n'alla pas beaucoup plus loin, le groupe étant bien évidemment pris dans l'engrenage des musiciens qui ont le vent en poupe: un label qui en demande toujours plus. Plus d'albums, plus de tournées, plus d'actualité.
S'ensuit un rythme de malade, 7 albums en 12 ans, rien que ça. Des albums de moins en moins inspirés, tirant toujours plus sur la hype et le style brillamment adopté sur les deux premiers albums (avec néanmoins un goût dégressif pour le néo-classique au profit de titres toujours plus catchy, à mon grand dam...). Je commençai donc à me désintéresser du groupe après le 3ème album, déjà une pâle copie des deux premiers, même s'il y avait encore quelques bons trucs.

Eh bien, je l'annonce, avec ce nouvel album, C.O.B. n'a rien de moins que sorti son véritable troisième album.
Oui, j'ose.
En tout cas, même si on ne peut pas effacer 12 ans d'évolution (même très légère), cet album est ce qu'a fait de mieux le groupe depuis son fameux "Hatebreeder".
Alors ne vous inquiétez pas, on reconnaît instantanément le style du groupe, ainsi que le son typique des guitares du sieur Laiho. Mais la différence se fait au niveau de l'inspiration et de la fougue. Là où on s'emmerdait parfois grave sur les derniers albums du groupe, ici on est sans cesse en train de tendre l'oreille pour choper le prochain riff qui va tout démonter sur son passage. Et la bonne nouvelle, c'est qu'il y en a des riffs dévastateurs!
L'album est un hymne à la guitare. Laiho montre à tous ses détracteurs qu'il en a encore des couilles dans le calbute autant que du mascara sous les yeux!
Ça riffe dans tous les sens, on se croirait sur les meilleurs album d'Annihilator (dont Laiho est grand fan) c'est dire! C'est vraiment jubilatoire à certains passages, on ressent comme une envie de bouger la tête en faisant du air-guitar. Il y a peu de guitaristes qui arrivent encore à produire ce genre de réaction sur des vieux blasés comme moi!
La production est bien sûr somptueuse, le son de gratte étant responsable à 50 % de la puissance des riffs. Disons quand même que même si on reconnaît le son typique du groupe, la production sonne plus naturelle et moins trafiquée. Ça serait bien si cette tendance devenait majoritaire!
Putain ce riff à 1min45 de "Cry Of The Nihilist"!! Pardon, mais le morceau passe au moment où j'écris, j'ai pas pu m'empêcher. Mais ça reflète exactement les réactions qu'auront les gens en écoutant "Machinless Trucless Forever"! Le genre d'album qui fait naître des vocations de guitaristes.

Bon, attention cependant! Tout inspirés que peuvent être les riffs, cet album n'est pas exempt de défaut. On reconnaît Children Of Bodom à la première seconde, et tout ce qui exaspérait certains est encore de la partie. Donc oui, il y a encore du clavier bontempi, il y a encore des soli à ne plus savoir qu'en faire.
C'est d'ailleurs le point faible de l'album. Autant les riffs sont déments, autant les soli sont anecdotiques. Après plus d'une dizaine d'écoutes, je serais incapable d'en citer un qui m'a accroché d'une manière ou d'une autre. En fait le contraste d'inspiration est tellement flagrant entre rythmiques et soli qu'on préfère se focaliser sur la rythmique lors d'un solo, un comble. C'est dommage que le groupe ne se rende pas compte de ça. Moins de solo, et plus de soin à ceux qui restent, voilà qui serait bénéfique au groupe.
Ensuite, on ne peut nier l'application d'une certaine formule de composition typique au groupe. Le schéma classique "riff d'intro tueur, couplet avec un autre riff bien tueur aussi, et refrain plus tranquille avec du clavier à fond" est répété sans arrêt. Bon j'exagère un peu sur la simplicité de la chose, mais c'est flagrant que les morceaux se déroulent un peu tous de la même façon, hormis quelques effets de style (le ralentissement final de "Roundtrip To Hell And Back" ou le riff déstructuré de "Ugly") on est rarement surpris par une chanson en tant que telle. L'album n'a qu'une force, celle de l'inspiration de son guitariste, car sinon on peut dire qu'on est en face d'un album de C.O.B. très classique, dans la lignée des précédents.
C'est donc maintenant que j'en viens à ce délai de 3 ans entre cet album et le précédent. On sent que du coup, y'a eu du peaufinage! Là où auparavant on sentait clairement le pilotage automatique, notre commandant de bord Laiho a pris cette fois son manche (pas à balai, mais de guitare) pour que le voyage se passe dans les meilleures conditions. Alors certes, la destination est connue, mais ça fait plaisir de voyager en première classe pour une fois!

Voilà, il ne reste plus qu'à espérer que le groupe puisse continuer à respirer entre deux albums et ne reprenne pas sa cadence infernale qui annihile toute l'inspiration de son guitariste. Et pourquoi pas essayer de corriger encore les quelques défauts que traîne le groupe pour nous sortir un prochain album de le trempe de ses deux pères fondateurs! Prenez votre temps les gars, on vous attendra!


Rédigé par : Stickskiller | 17/20 | Nb de lectures : 15102