Christopher Lee, qu’on ne vous fera pas l’affront de vous présenter ici, apprécie le métal. NON, pas Christopher Reeve, qui a joué Superman, Christopher LEE : Dracula, Le Seigneur des Anneaux, La Guerre des Etoiles, Cosmos 1999, et tout et tout. Il est également un descendant direct de Charlemagne par sa mère. De là à décider de rendre hommage à son ancêtre par le biais d’un concept album de métal symphonique, il n’y avait qu’un jet de lance pour cet artiste touche-à-tout, que les nombreuses collaborations précédentes avec RHAPSODY (ouais, ouais, « Of Fire »…) ou MANOWAR avaient déjà bien rapproché du style.

J’en vois quelques-uns bondir au fond de la classe, certainement ceux qui ont déjà jeté une oreille sur le disque ou sur les extraits MySpace… En effet, ce disque baptisé « Charlemagne – By The Sword And The Cross » est certes sympho, mais absolument pas métal, contrairement à ce que les services promo du label essaient de faire croire. On trouve de la guitare pourtant, mais cantonnée à un rôle d’accompagnement et noyée sous les cordes et les chœurs de l’European Cinematic Symphony Orchestra & Choir dirigé par Marco Sabiu. C’est ce même Marco Sabiu, qui a fait bénéficier de ses talents d’arrangeur des artistes tels que Kylie MINOGUE, TAKE THAT, Perry BLAKE ou Ennio MORRICONE, qui a composé la musique de l’album, ceci expliquant certainement cela.

Les orchestrations sont en effet au premier plan et, comme je l’ai déjà souligné, les guitares ont un rôle secondaire. Cela ne pose pas de problème en soi, à partir du moment où on ne s’attend plus à écouter un disque de métal, que les références de Christopher Lee laisseraient même spontanément penser plutôt heavy. Plus simplement, si vous voulez écouter du RHAPSODY ou du MANOWAR, passez votre chemin. Hormis une leçon d’histoire, l’album survolant les évènements importants de la vie de Charlemagne avec un début plutôt émouvant sur le lit de mort de l’Empereur, vous n’y trouverez pas grand-chose pour vous plaire. Si par contre les cordes, longs épisodes narratifs, chant théâtral et « chansons » sous forme de dialogue (« Charlemagne » devrait devenir une comédie musicale en 2011) vous parlent, peut-être cela vaut-il la peine de vous pencher dessus le temps de quelques actes.

En ce qui me concerne, le sympho sans grosses guitares derrière ne me parle pas beaucoup, encore moins quand il n’est pas entièrement instrumental… Autant dire que « Charlemagne » partait avec un handicap. Pourtant, même si le travail de Marco Sabiu me semble particulièrement insipide ici, comme si ses expériences nombreuses dans la variété/pop l’avaient habitué à composer pour de courtes interventions au sein de morceaux destinés à être facilement assimilés par le tout-venant, l’ensemble n’est pas désagréable à ECOUTER. A la différence d’un album qu’on mettra pour l’ambiance, celui-ci s’écoute en effet comme on écoute une histoire, les différents intervenants articulant de plus de sorte à se faire comprendre du plus grand nombre. On y trouve tout de même quelques passages évoquant QUEEN dans l’utilisation des chœurs et quelques solos de guitare qui l’emmènent sur le terrain du rock, une ouverture musicale à la fois bienvenue et bien intégrée.

Vous l’aurez compris, je reste dubitatif face à ce concept album qui, s’il n’avait pas eu Christopher Lee en acteur principal, n’aurait certainement pas retenu l’attention de grand monde, dans le milieu du metal encore moins qu’ailleurs. Il n’en reste pas moins qu’il contient de bonnes choses et que pour peu qu’on s’intéresse à l’Histoire, on y trouvera de quoi se rassasier pour un temps. Il n’y a certes pas de scènes de sexe et de vicieux complots comme dans les Tudors, mais les textes sont écrits de telle manière qu’ils donnent envie d’avancer dans l’histoire pour en savoir plus, un bon point donc. Sa principale faiblesse est peut-être ce qui aurait dû faire sa force, la partie instrumentale, qui sonne faux alors qu’elle aurait dû être l’élément porteur de tout le concept.


Rédigé par : Dungorpat | By The Sword And The Cross/ | Nb de lectures : 14517