En cette période estivale, votre esprit vaque librement à ses pensées et je suis sûr que vous vous êtes dit : " Tiens qu'est-ce que je vais bien donc pouvoir porter comme doux son à mes oreilles de mélomane au cheveux longs ? J'aimerais bien une petite découverte qui me mette dans l'ambiance des vacances, de la détente et de la rigolade... tiens bah je vais même reprendre un pti coup de Ricard de derrière les fagots !!"... Et bien je l'ai trouvée votre petite découverte mes enfants, il s'agit du groupe britannique Charger !! Mais il est vrai que cette remarque ne s'adresse qu'aux personnes qui passent leurs vacances dans une bouche d'égout ou enfermées en position foetale dans un placard sans la moindre lumière...

Et bien oui Charger est ce genre de groupe complètement crade et malsain à la limite du légal. Pratiquant un sludge parfois d'une lenteur pachydermique et parfois plus grind, proche d'un bordel Napalm Deathien (Mitch Harris était déjà venu faire un coucou sur le précèdent opus "The Foul Year Of Our Lord"). Le groupe lorgnant du côté de Soilent Green, Grief ou Buzzoven, c'est donc à un public averti qu'il s'adresse. Les compos alternent entre "piste rapide bordélique et rageuse" de trois minutes et des "pistes Doom de la mort qui arrive en boitant" qui elles s'étendent sur plus de neuf minutes en moyenne. Le fait est qu'elles déversent toute une rage et une moiteur sombre palpable même pour un manchot. Les riffs sont heavy à souhait et malgré la longueur de certaines compos on ne s'ennuie pas une minute. Le chant est parfois proche du n'importe quoi déblatéré par un clodo ayant fumé trop de gitanes maïs, mais l'émotion est bien là.

On a même droit à une petite intro "c'est arrivé près de chez vous " sur la grindy "Cult Verses Cunt" qui commence par la délicieuse phrase "Et mamie tromblon, elle s'est déjà fait trombone mamie tromblon ohhh !!?". L'ambiance du film en noir et blanc avec Poelvoorde collant très bien à cet album de Charger (pour les cinéphiles avertis). "Spill Your Guts" a ce génie chaotique si difficile à gérer dans un groupe (Pig Destroyer y arrive très bien), sans que cela vire au boxon intégral comme savent si bien le faire nos amis grindeurs (et pif une ptite pichenette dans les couilles). Il vous suffira d'écouter la somptueuse "The Amputee" pour en être convaincu ainsi que la jouissive "This is Not A Song About Vampires" ! Les compos tortueuses et très lentes que sont "This is Our Black Sabbath" et "The Bereavement Dividend" sont assez rythmées et prenantes pour que les minutes s'oublient très vite et que la notion de temps ne soit plus qu'un lointain souvenir (en plus ma montre ne fonctionnait plus).

Peut-être plus intéressant et moins ennuyeux qu'un album entier de Grief (que j'adore pourtant... en split surtout), aussi rageur et sombre qu'un Eyehategod, et aussi barré et jouissif qu'un Soilent Green, Charger a trouvé la formule idéale pour un excellent album de sludge. Pour tous les fans de musiques sombres, lourdes, glauques et à la limite de la démence...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette année entre Rwake, Minsk ainsi que Hangmans Chair et Eibon en France on est plutôt gâtés dans ce genre (et la qualité est là )!!


Pour finir un petit truc: mettez-le son bien fort pour la dernière piste "Inducing the Gag Reflex", et si un voisin ou les pompiers n'arrive(nt) pas avant la fin de la chanson en bourrinant à votre porte pour voir si tout va bien, je m'engage à vous rembourser l'album* !


* (jeu sans aucune garantie de remboursement de la part de Vs ou de son kronikeur, voir modalités écrites quelque part sur le site et en tout petit ..)


Rédigé par : Layne | 15/20 | Nb de lectures : 10611