“Tiens, CEPHALIC CARNAGE sort déjà un nouveau disque ?”
Le bel aveu d’incompétence que voilà. Loin d’être un nouvel album, “Conforming to Abnormality” est la réédition du premier excrétât des barges de Cephalic. Le genre de sortie qui fait venir la larme à l’oeil du requin d’egay en voyant son business de pourvoyeur de raretés rongé une fois de plus par une major opportuniste, sans parler du gars qui vient de claquer l’argent des médocs de mémé dans une relique qui n’a plus rien d’inestimable.
“Conforming to Abnormality” débarque dans les bacs après avoir subi un joli lifting: nouvel artwork, nouveau mix, nouveau mastering... et 21 chansons bonus pour un album qui, à l’origine, n’en comptait que 7.
Là, deux philosophies s’affrontent. Les optimistes se diront “Houuuu, ils ne se sont pas foutus de notre gueule, Relapse, sur ce coup”. Plutôt blasé de nature, j’avoue m’être dit: Cephalic ou pas, cette réed sent mauvais.

En fait d’odeur, “Conforming to Abnormality” renifle l’herbe à pleins naseaux. Ce premier disque semble enfoncer ses racines hydroponiques dans le même mélange aromatique que celui qui a inspiré les excellents “Lucid Interval” ou “Exploiting Disfunction”.
Si l’on retrouve de nombreux samples et autres conneries de 30 secondes, du genre qui me pourrissent l’écoute d’un bon disque, CEPHALIC CARNAGE fait déjà et surtout preuve de ce mélange de rage, de brutalité, de technique et de folie jazzy qui attirent l’oreille et crament les neurones dans le reste de leur discographie, tout en conservant une touche de spontanéité (ou d’inexpérience) qui tranche avec les compositions plus policées de leurs derniers efforts.
N’ayant pas fait l’effort de télécharger la première version de “CtA” et n’ayant aucune envie de raquer pour un collector obsolète du disque, impossible de dire à quel point le liftage sonore de la réédition est pertinent. La production est néanmoins très propre (mention spéciale à la batterie, très sèche et naturelle) et permet de constater que la pipe ne mérite pas si bonne réputation, les vocaux de Lenzig étant parfois très... limités. L’un des défauts de cet album, si l’on peut dire.
Dernier point, les 20 et quelques bonus. Si personne de sensé ne s’attendait à 20 compos de 3 minutes chacune, intenses et complexes, force est de constater qu’elles sont loin d’être inutiles. Il faut dire que le “Conforming to Abnormality” originel devait plus ressembler à un Maxi, du haut de ses 7 compos, musique d’ascenseur et hommage au ciné français (un donut sec à celui qui trouve d’où vient le sample) compris. Le son y est un poil plus raw mais la grind attitude est tout aussi présente, jusque dans les dialogues à noeud noeud. CEPHALIC CARNAGE s’y montre plus varié, comme un groupe qui ne s’est pas encore tout à fait trouvé, ce qu’ils devaient être plus ou moins à l’époque de leur enregistrement.

Le monde du Metal permet-il un léger optimisme aujourd’hui? Relapse, sous ses dehors de Major réédite un disque:
- qu’il fallait rééditer
-avec une production très honorable
-avec un nouvel artwork... bref, un nouvel artwork quoi.
-des chansons bonus qui sont réellement intéressantes (je parle des chansons, hein)
Alors, l’optimisme sera peut-être de retour quand Metallica aura sorti un bon album (merde, il paraît que c’est fait, et je le coche), que Cynic aura un sorti le digne successeur de Focus (euh... on m’annonce que ce serait une tuerie?), que les Guns.. non, OK. Faut pas pousser. En tous les cas, Cephalic Carnage fait depuis des années concurrence à Willie Nelson en tant que meilleur promoteur de la marijuana. Et au vu de leur créativité, je suis sûr que cela suffit à rendre certains optimistes.


Rédigé par : La Myxine | Réédition/ | Nb de lectures : 11692