« Est-ce qu’un album peut être sublimé uniquement par la prestation d’un batteur exceptionnel » ?
Cette question mérite parfois d’être posée. Et dans le cas du dernier album de CENOTAPH, cela ne fait même quasiment aucun doute.
Car la prestation du talentueux Lille Gruber, batteur de DEFEATED SANITY de son état, est exceptionnelle. Évidemment, en tenant compte de son niveau et de ses aptitudes, on n’en attend pas moins de lui ; mais tout de même, ne pas le signaler serait une faute de goût impardonnable. Car il est tout de même l’un des tout meilleurs batteurs de Brutal death, si ce n’est le meilleur.

Si le mix le met redoutablement en avant, ce n’est pas pour rien. Responsable à lui seul de la structure et de l’assise rythmique de l’album, il enchaîne roulements, blast, gravity blast, double pédale et autres effets impressionnants dont je ne connais point le nom, dans une cohésion sans faille. Rythmant avec brio les frénétiques et réguliers changements de rythmes, il demeure autant à l’aise sur les breaks, lors des accélérations, ainsi que durant les nombreux passages ultra rapides et véloces.

Doté d’une connotation forcément technique, le Brutal Death des Turcs de Cenotaph est donc ici sublimé par la prestation de Lille, qui apporte sa touche reconnaissable et sa maîtrise technique pour élever considérablement le niveau des 9 compos de 'Putrescent Infectious Rabidity'.

Et pourtant, il serait fortement injuste de résumer cet album à son batteur.
Car les deux autres lascars ne sont pas en reste, loin de là. Et ont eux aussi considérablement élevé leur niveau, au travers d’une inspiration retrouvée.

Cihan a sorti de sa sacoche une panoplie de riffs technico-acérés du plus bel effet. Sévèrement syncopés, parfois ornés de résurgences mélodieuses, les arpèges sont dans la plus pure tradition des albums de Brutal Death Technique, très travaillés, parfois peu discernables, mais en totale cohésion avec les variations épileptiques de tempos.
Côté vocal, on navigue en terrain connu, avec les beuglements ultra-gutturaux de Batu, puissants mais incompréhensibles. Et, paradoxalement, totalement adaptés au style pratiqué. On pourrait arguer un manque total de variations de tonalités, mais personnellement je trouve ces hurlements bien puissants et en parfaite cohésion avec le style pratiqué.

Comparativement à leur précédent effort, la progression est impressionnante. Au niveau de la dynamique rythmique, certes, mais pas uniquement. L’attrait et la cohésion musicale sont en nette hausse, rendant 'Putrescent Infectious Rabidity' assez accrocheur.
Cela reste bien sûr du Brutal Death ultra déstructuré, et absolument pas linéaire, rendant évidemment le qualificatif 'accrocheur' subjectif. Et pourtant, de frénétiques passages demeurent ancrés en tête après écoute de l’opus, signe d’un effort réel effectué sur la musicalité de l’album.

On ne peut cependant pas éclipser la sensation d’écouter un 'Psalms of The Moribund' v2. Étant donné la qualité et le contenu de l’opus cité, cela pourrait être perçu surtout comme un compliment. Et, c’est le cas ! Même si effectivement le manque de personnalité peut s’avérer rédhibitoire pour certains.

Mais, après tout, « Est-ce qu’aujourd’hui un album de Brutal Death se doit d’être différent, ou d’apporter quelque chose, pour avoir une chance de se démarquer des autres ? » Je n’en suis pas persuadé... Car si ce 5ème opus du groupe n’apporte strictement rien au style, il s’avère en revanche très pertinent et efficace dans son genre. Et, à mon sens, cela est le plus important.
'Putrescent Infectious Rabidity' de Cenotaph tue. Et je prends à chaque fois un pied terrible à l’écouter, ce qui, finalement, est bien le plus important.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 15/20 | Nb de lectures : 12973