Cela commençait à faire beaucoup quand même, entre cette réédition des démos de Corpse Molestation (pre-Bestial Warlust) - annoncée depuis 2004 quand même nom de Zeus ! – prenant de plus en plus l’allure d’une arlésienne, le souvenir justement du cultissime Bestial Warlust s’effaçant de plus en plus et un Abominator qui s’enfonce progressivement dans la médiocrité la plus absolue. Oui, en 2008, le terrain de jeux waaaaaaaar-metal commençait à sérieusement être déserté. Épris de justice ( ?!), deux de ses plus anciens défenseurs ont donc décidé d’endosser leur habit de Zorro, de chevaucher leur brave canasson et de réveiller le cadavre. Andrew Gillon (guitare & basse) et Damon Bloodstorm (beuglement caverneux), c’est-à-dire tout simplement les membres fondateurs de Bestial Warlust ET d’Abominator ont voulu prouver qu’en 2008 niveau death/black primitif sentant bon la crapaud farci, les Australiens sont toujours les rois de la sauce béchamel qui va avec. Et c’est plutôt réussi ma bonne dame.

Alors oui, le premier album du trio – complété par le batteur qu’il faut, vu son CV comptant Deströyer 666 et Sadistik Exekution entre autres – ‘Urn Of Blood’ sent bien fort des pieds. Le tout ne s’embarrasse même pas d’une intro à la con et dès les premières secondes du premier titre envoie la purée, bien baveuse comme il faut, avec des riffs qui n’essayent même pas d’aller trop vite car trop heureux de pouvoir se gauffrer dans la gadoue la plus épaisse pendant que Monsieur Bloodstorm essaye de battre le record de plongée en apnée vocale detenu par Craig Pillard sur le premier album d’Incantation, ‘Onwards To Golgotha’. Cette dernière référence n’est d’ailleurs pas innocente, tant ce ‘Urn Of Blood’ patauge dans les mêmes eaux vaseuses que celles autrefois explorées par le premier album de la bande à John McEntee. L’atmosphère de caverne, les parties bien lentes et morbides (« Destroyer Of Worlds »), l’absence de réelles mélodies à part sur les quelques solos… Tout y est. En gros, bien qu’il partage avec les deux albums de Bestial Warlust ce désir insatiable de remplir le moindre espace sonore disponible et de ne laisser aucun répit au pauvre auditeur sans défense, Cemetery Urn en fout moins dans tous les sens. La différence vient principalement du jeu de batterie de Matt Sanders, plus dans les clous en gros (certains diraient tout simplement plus death que black en fait) et qui n’abuse de ses cymbales dans tous les sens comme le faisait justement ‘Hellcunt’ (arf) de Bestial Warlust. Par contre, tout cela reste quand même très primitif et aurait pu sortir sans problème en 1994 plutôt que l’année dernière…

Étonnement, le tout est sorti quasiment en autoproduction (distribué par Modern Invasion en Australie mais disponible via leur page myspace) l’année dernière et n’est que difficilement hélas disponible de ce côté-ci de la planète. Cela n’a pas empêché le groupe d’effecteur cet été une tournée de vingt dates aux States et de préparer pour début 2009 son nouvel affront discographique. Alors non, Cemetery Urn n’effacera pas le souvenir de Bestial Warlust, de ses pochettes dignes de Bolt Thrower et de ses skeuds si délicieusement chaotiques. Mais entre ça et le dernier Abominator (c’est Chris Volcano qui va faire la gueule), mon cœur de grand romantique a fait son choix. Et vous ?!


Rédigé par : Zozo | 13/20 | Nb de lectures : 10869