Formation en 2004, signature sur Metal Blade un an plus tard, production d’Eric Rutan (HATE ETERNAL, CANNIBAL CORPSE), l’histoire de CELLADOR commence comme un conte de fées ; normal pour un groupe de speed mélodique me direz-vous, puisqu’ils constituent souvent l’inspiration majeure des groupes du style… Sauf que CELLADOR vient du Nebraska et que les Etats-Unis sont loin d’être la Terre Promise du speed germanique dont ces ptits jeunes sont friands et qu’ils ont décidé de balancer à la face d’une Amérique médusée, en pleine phase neo-alternativo-metalcore ! Sur ce point, on ne peut nier qu’ils aient les balloches bien pleines et bien accrochées, et si le marché américain était le seul ciblé on n’aurait rien à y redire, mais « Enter Deception » s’attaque également au marché européen, mère patrie du speed mélodique depuis vingt ans…

Opportunisme ou réelle dévotion au chant haut perché, aux rythmiques supersoniques et aux soli de guitares sans fin, toujours est-il que les américains arrivent tout juste après la sensation du début d’année, DRAGONFORCE, fer de lance de la nouvelle scène heavy/speed anglaise dont les blasts de caisse claire et la vitesse d’exécution sont une des marques de fabrique. Ne lançons pourtant pas de polémique stérile et partons du principe que les blasts que l’on retrouve également sur le premier album de CELLADOR sont tout simplement le résultat d’une éducation musicale plus radicale en ce début de 21è siècle, où ces frappes ultra rapides typiques du métal extrême (death, black, grind) sont bien plus communes qu’elles ne l’étaient il y a vingt ans.

Si on peut leur accorder le bénéfice du doute concernant les soupçons de plagiat de DRAGONFORCE, il sera cependant difficile de passer outre les innombrables pillages du patrimoine speed mélodique européen auxquels se livrent nos excités du Nebraska ! HELLOWEEN est ainsi et de loin le groupe dans lequel CELLADOR puise la majeure partie de son essence, que ce soit dans le chant calqué sur celui de Michael Kiske ou dans les riffs qu’on jurerait issus des deux « Keeper ». GAMMA RAY et STRATOVARIUS sont également évoqués à de nombreuses reprises, mais ce n’est pas tant le clin d’œil qui est agaçant que l’impression d’avoir une fois de plus affaire à un groupe incapable de s’affranchir de ses influences malgré un bagage technique remarquable compte tenu de la jeunesse de la formation. Inutile donc de passer en revue les chansons, vous les aurez toutes déjà entendues dans les albums des stars du style, et tandis que la frénésie de DRAGONFORCE et le second degré affiché de BLOODBOUND suggèrent la sympathie malgré des références tout aussi évidentes, on a l’impression que CELLADOR a cédé à la facilité et c’est décevant.

Malgré tout on ne se refait pas, et il m’est toujours aussi agréable d’entendre du HELLOWEEN millésime 87/88, d’autant que si on en juge par l’inutile « Keeper III » qu’ils ont osé nous servir et le refus obstiné de Kiske de se remettre au métal, des albums comme « Enter Deception » seront probablement les seules occasions qu’auront à l’avenir les vieux cons nostalgiques comme moi d’avoir leur dose… Alors disons que CELLADOR sera un bon ambassadeur du heavy speed dans un pays qui n’en a jamais (ou presque) entendu parler, et qu’à l’instar de dessinateurs oubliant leurs aspirations personnelles pour perpétuer les œuvres de grands noms de la BD, ils seront en Europe les garants d’un speed mélodique traditionnel…


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 12910