La feuille promo accompagnant cette démo annonçait du "Cebrenian Black Doom". Vous imaginez mon sourcil levé en signe d'interrogation métaphysique à la lecture de cette appellation pompeuse non contrôlée. Il est vrai qu'on voit débarquer tous les jours sur nos platines des groupes qui prétendent avoir inventé le riff à couper le beurre. Malgré un pack promo très pro, c'est avec suspicion que j'introduisis cette démo 4 titres de 26 minutes dans mon lecteur.

Et bien dès la première piste, me voila rassuré. Le sextet rennais compose et surtout propose. A la lecture de "This Mourning Garden", la qualité est au rendez-vous. Au début, ce titre est orienté black et s'avère assez direct. Et puis, la situation échappe à l'oreille du kronikeur qui ne peut que se laisser porter par les riffs. On sent dans l'évolution du morceau l'ambition de sortir des carcans stylistiques traditionnels. Le groupe malaxe sa composition, la fait muer et finalement la fait vivre. Allez hop, on se jette sur l'extrait.

A partir du second titre, une référence me titille l'oreille, peut-être trouvée grâce au titre de la démo: Orphaned Land. Ces titres qui s'étalent, enchaînant les riffs sans boucler et préférant piocher chez plusieurs écoles que se lier à un genre précis, rappellent indéniablement les débuts du groupe israélien, même si le style pratiqué est fort différent. Cebren-Khal manie aussi bien la rythmique black que le passage en son clair, en passant par des rythmiques death arabisantes. La variété de l'instrumentation et des vocaux emmènent l'auditeur dans un petit voyage loin des standards du marché. Si "Beneath the Spreading Shadow" est le seul clairement marqué du sceau d'Orphaned Land, les autres morceaux ne sont pas en reste. "Requiem (the Forest awakening)", après un démarrage Slayerien mêle le black et le thrash avec pas mal de réussite. "Fear Echoes in black Helms" rappelle les vieux titres de Cradle (quand c'était bon) et se termine comme un morceau du premier Arcturus (quand c'était bon).

Côté production, le groupe a su profiter au mieux de modestes moyens. Le manque de puissance est ici pallié par la netteté globale du son. On distingue bien tous les instruments et leurs parties entremêlées, il suffit de monter un peu le volume par rapport au dernier Marduk. Et ça vaut le coup, car le niveau du groupe est bon. Les parties proposées sont techniquement intéressantes et surtout musicales, ce qui se fait rare en nos temps de performances physiques enregistrées. Cebren-Khal nous propose ici un produit quasi-professionnel sous couvert d'une autoproduction. Du bien bel ouvrage, comme j'aimerai en entendre plus souvent! Mais que font les labels?


Rédigé par : Prince de Lu | 4/5 | Nb de lectures : 12846